(Tract)- Depuis une dizaine d’années, les motos dites « Jakarta » se sont imposées dans toutes les régions du Sénégal sauf dans la capitale. Et le journal « Témoin » a consacré dans sa parution du jour nous plonge dans leur univers, que nous prenons dans son intégralité. Leur prix jugé plus abordable, le Jakarta a la particularité d’être plus accessible dans certains endroits. Mais à Ziguinchor, prendre un Jakarta relève d’un signe de coquetterie. Leurs prix varient entre 300 et 1000 f. On peut le considérer comme « l’or blanc » de la région.
La conduite de motos « Jarkata » à Ziguinchor est différente des autres villes ou communes du Sénégal. Dans cette capitale de la Casamance, les prix sont en hausse. Si un peu partout à l’intérieur du pays, les prix varient entre 200 FCFA et 250 FCFA dans la journée et 500 F la nuit, à Ziguinchor, c’est tout autre. Il faut 300 F CFA sur une petite distance. Et c’est à prendre ou à laisser. Et sur d’autres distances, le prix varie entre 400 et 600 F.
Pour la nuit, il faudra débourser 1000 FCFA. Abdou, en califourchon sur sa moto, guette les clients au rond-point qui mène vers la gare routière de Ziguinchor. Le jeune jakartaman est en compagnie de plusieurs de ses collègues. Ils surveillent les passants, les invitant à prendre la moto. « Dagay dem ? » ! « Jakarta » !
Des mots qui reviennent telle une ritournelle. « Tu vas où ? », lance Abdou au client qui vient de se pointer. « Lindiane », répond celui-ci. Abdou lui propose 500 F pour le trajet. Après discussion, ils s’entendent sur le prix de 400 F. « Il faut savoir que nous payons des taxes qu’on nous impose. Et il faut dire également qu’à chaque fois que les policiers nous arrêtent, nous payons. Nous ne gagnons pratiquement pas beaucoup d’argent si l’on calcule la distance et les tracasseries policières », a lancé Abdou comme explication.
Au rond-point Jean Paul II, il fait 23 heures passées de quelques petites minutes. Ils sont nombreux parmi les conducteurs de Jarkata à résister à la fraicheur de la nuit pour chercher des clients. Cependant, ils n’hésitent pas à refuser certains prix proposés par les clients. C’est le cas pour ce Jakartaman. Hélé par un passant qui lui propose de l’emmener au quartier Kandialang à 500 f, il refuse catégoriquement. « Je ne peux pas emmener quelqu’un à cette heure sur cette distance avec 500 f. C’est loin et également, les rues ne sont pas bonnes. Avec 1000 F Cfa, je pourrais prendre le risque », a-t-il lancé à son client avant de le laisser poireauter sur place.
Le voyageur s’est finalement rabattu sur un autre conducteur qui lui avait proposé 700 f. « Je pense que c’est plus raisonnable. Je n’ai pas le choix. Je n’ai pas vu de taxi. J’aurais préféré payer un taxi à 1000 f. Ils exagèrent », martèle le client furieux.
Un autre Jakartaman confirme bien qu’à Ziguinchor, la conduite de motos marche plus que partout ailleurs au Sénégal. « Je suis de Pikine à Dakar. Je suis là depuis un an. Mais je ne compte pas repartir. Avec mon Jakarta, je gagne bien ma vie. Parfois je fais payer aux clients des prix qui varient entre 400 et 800 f. Le jakarta ne consomme pas beaucoup de gasoil. Tu mets le plein à 2500 f et tu peux circuler toute la journée », a-t-il confié.
Contrairement aux autres régions du Sénégal où les prix sont raisonnables, à Ziguinchor les conducteurs dictent leurs lois. « Je ne peux rien dire des autres régions, mais ici c’est notre mode de travail. Il faut qu’on gagne bien notre vie pour soutenir nos parents », a avancé comme argument Idrissa.
Mariama Diatta, bassine à la main, attend tranquillement une moto Jakarta. « J’avoue qu’ils exagèrent avec leur prix. J’habite Kandialang, il m’arrive de payer 800 F Cfa pour y aller. C’est ce qui n’est pas normal. Il faut vraiment négocier pour qu’ils te déposent avec 300 ou 400 F Cfa qui est le prix normal », se désole la dame. Ce qui confirme qu’à Ziguinchor, la conduite de moto Jakarta nourrit bien son homme.
Le prix élevé du transport est décrié par beaucoup d’usagers. Les Jakartamen ont imposé leurs lois aux populations. Pendant ce temps, les taxis broient le noir. Quant aux bus transports urbains « Tata », ils n’arrivent toujours pas à « écraser » les Jakarta dans la concurrence. Et c’est un constat dans toutes les régions ou hameaux du Sénégal.
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