L’ET DIT TÔT D’O.N.G – Le PS a donc décidé de « mackyller » ses futurs comptes électoraux de 2019, en choisissant de cacher sa forêt de militants présumés derrière l’arbre Macky, désormais candidat officiel du parti de Senghor à l’élection présidentielle. Ce faisant, le parti tanorisé a définitivement déserté ses responsabilités de parti historique pour au moins une génération, soit vingt ans. Et il n’est pas sûr qu’il s’en relève. Les grands partis se reconnaissent à l’aune des bourgeons auxquels ils auront donné naissance.
A cet égard, il n’y a actuellement que deux grands partis au Sénégal, même s’ils sont pour l’un à la remorque d’un attelage, et pour l’autre dans l’opposition qui s’escrime à être significative : le PS et le PDS. Le PS a refusé de s’assumer, au nom d’un bilan présidentiel mackyen dont il serait comptable. Cette raison est spécieuse. On peut gouverner ensemble et ne point aller à la mère des batailles de la présidentielle bras dessus, bras dessous. Oui, le PS a joué petit bras sur ce coup de la présidentielle 2019. Lui qui compte des militants et donc de possibles électeurs dans tous les recoins du pays refuse de se compter pour cette fois. Mais encore eût-il fallu qu’il ne soit pas dans un gouvernement de majorité présidentielle (élargie). Le bon vocable pour désigner le compagnonnage autour de Macky 1er aurait dû être « gouvernement de coalition ». Comme cela se passe dans les démocraties avancées. On peut se peser à des élections, puis s’allier pour gouverner. Et à l’élection suivante, retourner chacun devant les (ses) électeurs. C’est ce qui se passe en Allemagne où la chancelière Merkel a dû bricoler une coalition après être arrivée première aux élections, sans pour autant avoir remporté la majorité absolue. C’est aussi le cas en Grande – Bretagne, où une coalition gouvernementale a du être montée. Ainsi ces partis là ne se diluent pas dans le plus fort d’entre eux et n’abdique en rien leurs prétentions à gouverner.
Le Premier ministre français Lionel Jospin avait également expérimenté « la gauche plurielle », laissant plusieurs ministres de son gouvernement dont Christiane Taubira, se présenter à l’élection présidentielle de 2002. Ce qui vaudra d’ailleurs à Jospin la déconfiture d’arriver troisième au premier tour, derrière Chirac et Le Pen. C’est certainement ce funeste destin qui est craint au Sénégal, par ceux qui nous gouvernent et aident à nous gouverner. Avec 49% aux législatives de juillet 2017, étiage le plus haut du camp présidentiel quand on sait que celui-ci fait le plein de voix aux élections nationales en raison de ses capacités de mobilisation (y compris financière) des électeurs, Macky ne peut être que preneur de la désertion en rase campagne des ambitions présidentielles du PS, de l’AFP ou encore de l’URD. Mais le certificat de décès de ces partis, qui auront eu des scores importants, parfois à deux chiffres, à des élections présidentielles passées, cet acte de décès donc, pourra être établi au 24 février 2019.
Après les élections présidentielles, les leaders du PS et de l’AFP qui ont empêché toute émergence de candidats dans leur parti respectif pourront également dire adieu à leurs prébendes institutionnelles. Niasse ne rempilera certainement pas pour cinq ans à la tête de l’Assemblée nationale dans le cas où Macky gagne. Pas plus que Tanor au HCCT. Sans parler de l’URD, désormais parti-croupion orphelin de feu Djibo Ka. Et si Macky perd ces joutes de 2019, la remontée de la pente du PS et de l’AFP dans le giron de la future opposition sera un véritable rocher de Sisyphe. La seule option politiquement acceptable pour le PS et l’AFP aurait été de faire comme Abdoulaye Wade, ancien ministre des gouvernements Diouf, dont il sortira en 92 et en 98 pour se présenter aux présidentielles de 1993 et de 2000. On peut se penser comptable du bilan d’un Président sortant, mais on se doit surtout d’être responsable envers ses électeurs passés et futurs.
Ousseynou Nar Gueye