Lagos Fashion Week : images

FASHION – Une renaissance attendue par de nombreuses fashionistas africaines et de la diaspora a eu lieu dans la capitale économique nigériane au printemps dernier. Après une pause de six longues années, l’Arise Fashion Week (AFW) est revenue avec des invités prestigieux comme le supermodel Naomi Campbell et son compagnon le rappeur anglo-nigérian Skepta, le roi de l’Afrobeat nigérian Wizkid, les top models nigérianes Oluchi Orlandi et Ojy Okpe, l’acteur nollywoodien Richard Mofe-Damijo. Une décennie auparavant, l’AFW avait réussi à placer le Nigeria sur la carte mondiale de la mode. Le nom était tiré du bimestriel Arise, vendu aux quatre coins du monde depuis Londres, qui soutenait le meilleur de la création africaine. Tous deux ont été lancés par Nduka Obaigbena, un magnat des médias nigérians. Ce dernier a fondé en 1995 This Day, un des plus grands quotidiens du pays et la chaîne d’info Arise News en 2013. Sa réputation de mauvais payeur auprès de ses employés et collaborateurs lui a valu des poursuites en justice et l’arrêt de l’AFW puis du magazine Arise en 2013. Cette nouvelle mouture de l’AFW a présenté également un programme ambitieux de mentorat sur le financement, l’approvisionnement et l’exportation comme le souligne Orode Imevbore, la coordinatrice du projet : « de grands stylistes du monde entier feront don de leur temps et de leur expertise pour aider les labels de mode africains à atteindre l’échelle mondiale ».

La mise en valeur de l’excellence dans la mode africaine encourage les vocations

 

Cet événement phare a attiré une quarantaine de pointures du continent et de la diaspora d’une quinzaine de pays, dont les habitués des éditions précédentes comme l’Anglo-Ghanéen Ozwald Boateng, le Marocain Amine Bendriouich, le Sud-Africain Kluk CGDT ou le Tanzanien Mustafa Hassanali. Les labels nigérians étaient naturellement présents en nombre à l’instar de Tiffany Amber de Lanre Da Silva, Style Temple de Ogugua Okonkwo, Phunk Afrique de Funke Adepoju ou Vonne Couture de Yvonne Nwosu. Sans oublier les griffes prisées, celles de la Canadienne Aurora James, de la Botswanaise Koki Kamala ou de la Franco-Ivoirienne Laurence Chauvin-Buthaud. Les jeunes stylistes sont conscients des nombreux défis à relever dans l’industrie de la mode à l’image de la Nigériane Salihat Rahaman, créatrice en 2014 de Abaya Diva, qui revisite de manière flamboyante abayas et caftans : « Les stylistes sont mieux formés et plus visibles, malheureusement comme dans la plupart des autres secteurs du pays, les déficiences des infrastructures et dans l’énergie pèsent sur la réussite. » Et de poursuivre : « Nous avons également négligé de former des tailleurs à un niveau standard, alors nous en faisons venir d’Afrique francophone ou d’Asie en payant des sommes exorbitantes pour leurs services. » L’étoile sud-africaine Thebe Magugu résume bien la situation : « Il y a assez de vêtements dans le monde. Je pense qu’il est temps de fabriquer des tenues qui signifient quelque chose pour les gens. »