Après l’annonce d’une nouvelle taxe sur les communications passées depuis des plateformes internet – WhatsApp, Skype ou Viber -, le gouvernement zambien met en avant sa volonté de préserver les opérateurs et les emplois locaux. Des organisations de la société civile dénoncent quant à elles une entrave à la liberté d’expression.
Un mois après les premières déclarations du ministre zambien de la Communication, Brian Mushimba, sur la nécessité de réguler internet et les réseaux sociaux, accusés de favoriser la « déliquescence des normes culturelles de la société », les autorités zambiennes viennent de rendre publique leur intention d’introduire une taxe quotidienne de 30 ngwee (3 centimes d’euro) sur les appels téléphoniques passés via des plateformes internet, dont les plus connues sont Skype, WhatsApp et Viber.
Une décision qui suit de près celle du président ougandais Yoweri Museveni : depuis le 1er juillet, les Ougandais doivent en effet payer une taxe quotidienne de 200 schillings (4 cts d’euro) pour utiliser les réseaux sociaux. Mais si Kampala évoque clairement une nécessité d’ »éviter les bavardages et les commérages », le gouvernement zambien, lui, met en avant des arguments économiques
Les services de téléphonie en ligne « menacent l’industrie des télécommunications et l’emploi dans des compagnies telles que Zamtel, Airtel et MTN », a ainsi expliqué lundi 20 août la porte-parole du gouvernement, Dora Siliya. Cette contribution sera collectée par les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d’accès à internet, ont précisé les autorités zambiennes.
Dérive autoritaire
« Nous ne croyons pas à la répression des médias, nous croyons à la liberté d »expression. Cette décision n’est qu’économique car nous perdons de l’argent. Si Skype et WhatsApp gagnent de l’argent, pourquoi pas nous ? », a déclaré Brian Mushimba, interrogé par l’AFP.
« C’est une attaque délibérée contre la liberté d’expression et d’association », déplore le responsable de l’ONG Bloggers de Zambie, Richard Mulonga. « Ces gens continuent à restreindre nos libertés », abonde le militant des droits de l’homme Brebner Changala.
Depuis sa réélection en 2016, le président Edgar Lungu est régulièrement accusé par ses adversaires politiques de dérive autoritaire. Il a essuyé de vives critiques l’an dernier en faisant emprisonner son principal rival, Hakainde Hichilema.
En Tanzanie aussi, le gouvernement a durci sa politique à l’égard du net en imposant mi-mars un enregistrement obligatoire à tous les blogs sites d’information et sites de streaming, moyennant une somme de 2 100 000 shillings, soit 750 euros.