LES AFRIQUES – Pour la première fois depuis sa création en 1985, la Cosatu élit une femme à sa tête. Son nom : Zingiswa Losi. Objectif : reconquérir des voix, notamment féminines, pour mieux accompagner la candidature de Cyril Ramaphosa à la présidentielle de 2019.
C’est un chamboulement dans la classe politique sud-africaine. La plus grande centrale syndicale du pays a élu ce mardi à sa tête une femme, Zingiswa Losi. Une grande première depuis la naissance il y a trente-trois ans du mouvement qui a contribué à la chute de l’apartheid il y a un quart de siècle. La Cosatu, symbole et fer de lance de la mobilisation noire dans le monde du travail, a connu ces dernières années de nombreuses dissensions qui ont pesé sur l’Alliance tripartite fondée en 1990 avec l’ANC et le Parti communiste sud-africain (SACP). L’élection de Losi signe-t-elle enfin l’entrée dans une nouvelle ère pour la fédération en difficulté ?
Qui est Zingiswa Losi ?
Seule candidate, elle a été nommée lors du congrès annuel de la Confédération des syndicats sud-africains (Cosatu) qui se tient jusqu’à jeudi à Midrand, près de Johannesburg. Zingiswa Losi a été militaire de carrière pendant trois ans dans l’armée sud-africaine, avant de travailler dans une usine du constructeur automobile américain Ford dans la ville de Port Elizabeth (Sud-Est).
Sa nomination sans opposition fait suite à des mois de spéculations selon lesquelles les syndicats affiliés ne soutiendraient pas le président sortant Sdumo Dlamini. En effet, Sdumo Dlamini a fait défiance lorsque l’organisation a pris la décision de prendre ses distances avec l’ancien président Jacob Zuma et a appelé à sa démission.
Zingiswa Losi a fait ses premières armes de syndicaliste dans le puissant Syndicat national des travailleurs de la métallurgie (Numsa). Selon sa notice biographique publiée sur le site de la Cosatu, Zingiswa Losi s’est impliquée très jeune dans le combat politique contre le régime de l’apartheid en rejoignant les rangs du Congrès national africain (ANC) de feu Nelson Mandela. « Je suis devenue politiquement consciente à l’âge de 10 ans lorsque mes deux frères ont été contraints à l’exil. Je ne savais pas alors que j’allais les suivre une fois plus grande », explique-t-elle dans cette présentation. En décembre dernier, elle avait échoué de peu à devenir secrétaire générale adjointe de l’ANC.
Une élection pour tourner la page de l’ère Zuma
Son élection mardi à la tête de la Cosatu, où elle occupait jusqu’à présent le poste de vice-présidente, « confirme le rôle des femmes, et celui des femmes noires en particulier, en tant que militantes politiques et réformatrices sociales », a salué le président du pays et de l’ANC Cyril Ramaphosa, invité à s’exprimer.
Lors de son allocution devant la foule, Ramaphosa s’est concentré sur les élections générales de l’année prochaine. Le président a déclaré que la course aux élections représentait un champ de bataille politique, qui ne pouvait être gagné que par l’unité, en disant : « Notre peuple est en marche révolutionnaire. Nous allons faire la guerre pour les élections générales nationales. Une armée unie est une armée qui ira à la guerre unie. »
Le discours du président a été accueilli par des acclamations assourdissantes de la part de la Cosatu. Ces dernières années, les relations entre l’alliance tripartite ont été instables. La capture d’État associée à des licenciements de services publics qui ont fait l’objet de rumeurs a conduit à de vifs débats entre la Cosatu et l’ANC.
La Cosatu, qui revendique aujourd’hui 1,6 million de membres, fut avec l’ANC et le Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP) l’un des piliers historiques du mouvement anti-apartheid.