« Quand la liberté de parole est confisquée dans un régime de la terreur, la satire devient une arme. »
L’éloquence et la science de la langue wolof ne se discutent plus. Et quand le wolof dit « diaggala yakkhone beutti golo ga », il nous incite à la modestie et à l’équilibre en toute chose. La recherche de la perfection totale incline l’homme à deux extrêmes : la timidité (ou même l’inhibition) et la vantardise. Le timide est celui qui, parce qu’il a peur d’échouer ou de commettre une faute, une erreur ou une simple maladresse, s’abstient de parler et d’agir. La charge d’auto-répression et de rétention qu’il se met finit par inhiber tout génie chez lui : il oublie que la profonde nature humaine réside dans l’imperfection. Celui qui, peur de perdre, renonce à l’action est orgueilleux. C’est l’inverse pour le vaniteux : bien qu’étant imbu de qualités moyennes ou même moins, il exagère tout et fournit anormalement d’énergie pour parfaire son image. Le destin de tout vaniteux est de mener une vie d’extraverti, superficielle et mensongère.
A Ndoumbélane le régime du roi-singe bat tous les records de démagogie et de propagande : ils deviennent vraiment ridicules avec leur stratégie de polissage de l’image du roi-singe. Ndoumbélane se fait ridiculiser en sport mais la presse-à-polissage trouve un moyen d’en faire un succès. Des supporters de l’équipe de Ndoumbélane héritent de la suite présidentielle d’un hôtel de luxe payé par le contribuable sénégalais, mais on trouve une façon d’absoudre un tel crime. Ndoumbélane est dénoncé par les organisations des droit de l’homme, mais la presse-à-polissage trouve un moyen de discréditer ces organisations dont les rapports servaient, il n’y a guère longtemps, à clouer au pilori un régime sortant. Un éminent diplomate, qui a fait l’unanimité à Ndoumbélane, meurt et au lieu de lui rendre hommage dans la dignité et suivant les principes du protocole républicain, on trouve des subtilités d’y glisser l’image horrible du roi-singe pour encore la parfaire. C’est quoi ce cannibalisme intellectuel ?
Ils ne se rendent pas compte de la vanité de leur entreprise. Et pour endiguer tout débat sur la valeur intrinsèque de son excellence, leur héros, le roi-singe, ils décrètent une sentence et la transforment en horrible chanson : le roi-singe a fait plus que tous ces prédécesseurs ! C’est ce qu’on appelle une pétition de principe. Ce type de sentence invérifiable révèle un état d’esprit : les gens de la cour de Ndoumbélane ne s’inscrivent pas dans une logique de construction d’une nation et de consolidation d’acquis démocratiques ; ils sont plutôt dans une logique de destruction d’un héritage commun, parce qu’ils savant que c’est la seule chance qu’ils ont d’exister. Ils ne rendent même pas compte qu’en débitant de telles énormités, ils indisposent leurs alliés les plus significatifs du moment. Ndoumbélane est vraiment mal barré : les vaincus de la première alternance démocratique ont trouvé un moyen de se refaire une virginité politique. Comme dit le poète satirique romain, Juvénal : « Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem » (Le Vice s’est abattu et venge l’univers vaincu). Personne n’est dupe, vos mensonges ne font que raviver la haine contre ce que symbolise votre règne : le mal expulsé de la porte et qui a trouvé une astuce pour se faufiler dans les fenêtres entrouvertes. De vieux singes socialistes ont réussi à couronner un jeune roi-singe parce qu’ils savent qu’ils ne pouvaient plus revenir directement aux affaires. Ndoumbélane est alors à l’ère d’une régence démocratique.
On appelle régence une période, dans une monarchie, où une personne exerce le pouvoir au nom du monarque (qui n’a pas atteint la majorité ou qui est incapable de gouverner par lui-même). Au nom de qui le roi-singe exerce le pouvoir ? Au nom d’une oligarchie dont la trame va de Ndoumbélane au pays de Marianne. C’est un véritable labyrinthe d’intérêts politico-affairistes qui a aujourd’hui fait main-basse sur les ressources de Ndoumbélane. Le roi-singe n’est en dernière instance qu’un bourgmestre d’un Ndoumbélane qui a bousillé toute chance de recouvrer sa liberté en acceptant d’être manipulé au point d’élire un singe. Les mêmes forces qui avaient accepté d’inféoder Ndoumbélane à Marianne sont aujourd’hui derrière le suppôt des intérêts de Marianne.
Le régime du roi-singe a ceci de particulièrement frappant : c’est le seul régime à Ndoumbélane qui a réussi à se construire une immunité médiatique. Malgré sa médiocrité et ses innombrables crimes économiques et politiques, il est le chouchou de la presse jadis puissant contre-pouvoir. Une presse thuriféraire, c’est du jamais vu en démocratie ! Voilà ce qui inhibe toute résistance durable à Ndoumbélane. L’hostilité manifeste de certains grands noms de la presse à l’endroit des forces de l’opposition à Ndoumbélane est aujourd’hui une grave entorse à la démocratie et à l’équilibre dans le traitement de l’actualité politique.
Jamais dans l’histoire de Ndoumbélane on n’a eu affaire à un roi aussi faible et si vous voulez en comprendre la raison, il vous suffit de méditer ce mythe : pour identifier le visage de l’anthropophage déguisé en singe la nuit, il faut lui tenir la queue. Celle-ci se transformera immédiatement en foulard de tête qui révélera, de fait, le visage de la vraie sorcière déguisée en singe pour sévir mystiquement. Et n’oubliez surtout pas que nous avons affaire à un singe particulier : une queue exponentielle et des cornes qui poussent et repoussent après chaque élagage.
(A suivre).
NIKITA