Tambacounda, c’est la ville du train, de la célèbre ligne Dakar – Bamako. Une ligne quasiment à l’abandon. Devant la gare et l’hôtel-buffet, des bâtiments en ruines qui ont pourtant été classés au patrimoine national il y a 16 ans. Tambacounda est en peu à l’image du rail, les habitants vivotent, voient passer les présidents, mais pas le développement.
Juste derrière la gare au marché central, Fanta Dabo, né en 1955, vend des condiments. La politique ça la fatigue : « Moi, je suis fâchée. Ce que j’ai vu des présidents qui sont passés, vraiment, c’est que ça n’a pas marché. Tout le monde est fatigué. Tout est problème, tout est problème. Moi, je veux le meilleur. Le président sortant, si je vote pour lui. Il ne fait pas ce qui satisfait les gens. C’est un problème ! Ce qui arrange le peuple c’est ça que je veux. »
Et à Tambacounda, comme ailleurs, ce que veulent les jeunes, une fois de plus, c’est du boulot. Ici, il faut se débrouiller, avoir deux, trois métiers pour vivoter alors que Tambacounda a un potentiel. C’est une ville métissée, point de connexion entre la Gambie, la Guinée et le Mali. Elle est aussi entourée par une nature puissante, des forêts qui sont malheureusement en train d’être pillées. Le grand sac de charbon coûte 1 500 francs CFA ici, 8 500 à Dakar.
Une économie en berne
Djiby Diawara a longtemps été guide, mais il est devenu peintre, car les animaux de brousse ont disparu : « Un jour, tu as un enfant qui te demande : Papa, où sont les lions ? Tu dis : ça a existé, mais les braconniers les ont tués. Tu tournes à gauche, tu vois les phacochères. La nuit, ils faisaient leur danse ici. Mais maintenant, pour voir les phacochères, il faut faire 70 kilomètres ou 100 kilomètres dans la forêt. Le président, il devait augmenter les agents eaux et forêt, mais c’est du gaspillage. La forêt est presque gâtée. Nous on sait ce qu’il se passe ici. »
A Tamba, l’économie en berne pousse de nombreux jeunes à quitter la ville pour aller à Dakar. Certains néanmoins restent comme cette jeune femme qui au contraire veut aider sa région. Coumba Sow a 30 ans, elle a un temps envisagé de partir, mais elle a décidé de vivre à Tamba auprès de sa mère. Son idée, c’est de vendre des produits locaux comme le fonio. Une céréale millénaire, mais qui a quasiment disparu des plats sénégalais.
Pour Coumba, seul le changement permettra d’aider les jeunes : « Mon rêve c’est d’aller plus loin. Parce que j’ai une petite famille et j’ai ma maman, qui est à Touba. Elle aussi, je voudrais beaucoup l’aider. Ousmane Sonko, il me plaît, oui. Il est différent. Mais tu sais, les hommes politiques disent seulement ce qui leur plaît, mais après, s’ils sont élus, ils font ce qu’ils veulent. C’est ça qui nous dérange un peu ».
Ras-le-bol des promesses, les cinq candidats à la présidentielle ont donc intérêt à venir à Tambacounda avec des propositions concrètes, notamment en matière de formation et d’emplois.