AccueilAfrosphère08 MARS 2018 - Diana Brondel, startuppeuse : Aka beugg…. 'Xaalys' !

08 MARS 2018 – Diana Brondel, startuppeuse : Aka beugg…. ‘Xaalys’ !

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Retour en ce 8 mars 2019 sur notre entretien avec notre femme à l’honneur lors du 8 mars 2018, il y a un an, qui coïncidait avec la mise en ligne de Tract :

Honneur à une belle et fière représentante du beau sexe, en cette journée de la Femme, où Tract Quotidien reparaît en ligne. Épouse Brondel à la ville, Afropéenne, elle est née Sénégalaise d’un père ministre des Sports sous le régime socialiste,  qui finira directeur de cabinet du Président Abdou Diouf à la Francophonie. Toutefois, elle n’est point une « fille de ». Plutôt mère. Et doublement mère, dans sa trentaine épanouie qui est le bel âge de la femme, comme l’on sait. Mère d’une jeune pousse (une startup, en français facile), du nom de Xaalys, une ‘fintech’ qui a rejoint un prestigieux incubateur d’entreprises à Paris en cette année 2018. Et également mère de deux petits adorables garçons qui poussent. Ancienne banquière, notre Lady Diana noire se fait fort d’éduquer les jeunes à la banque avec sa plateforme technologique, en France d’abord. Et pourquoi pas, au Sénégal et ailleurs en Afrique aussi . A mots croisés avec elle.

 

Tract : Bonjour Diana, nous avons le plaisir de faire votre portrait aujourd’hui, date doublement symbolique, car il s’agit à la fois du lancement officiel de tract.sn et de la journée de la Femme.

Diana Brondel : Bonjour à vous et à vos lecteurs. Je suis honorée d’être votre portrait de lancement. En effet, aujourd’hui est un jour béni des dieux à double titre – je vous laisserai invoquer ceux de votre choix en fonction de vos croyances propres.

Mais commençons peut-être, sans vouloir verser dans l’apologie, par saluer la renaissance de Tract Quotidien sous un format digital et complètement dématérialisé, en prise avec son temps j’ai envie de dire.

Et permettez-moi ensuite de saluer toutes les femmes, car nous célébrons aujourd’hui leur contribution à la Société.

Qui êtes-vous Diana ?

D.B : Je suis une femme sénégalaise de 36 ans, mère, femme, entrepreneure et afropéenne. De double culture européenne et sénégalaise, résolument libre, passionnée par toutes les composantes de ma vie qu’elles soient professionnelles, amicales, affectives et la vivant à  plus de 100% la grande majorité du temps. Donc complètement dans le thème de la journée.

Je suis pour et pro-femme, mais reconnais pour autant toute la place et l’apport crucial des hommes dans nos vies- ne serait-ce que parce que en attendant de venir à bout de toutes les surprises que la science nous réserve, les contributions des hommes et femmes restent essentielles à ce jour. Nous ne serions pas là à échanger sinon.

 Et que faites-vous pour alimenter votre batterie de vie ?

D.B : J’ai créé, il y a un an maintenant près d’un an, une start-up dans le domaine de la Fintech à savoir la technologie financière et qui fait le trait d’union entre toutes les facettes qui composent ma vie.

En effet, Xaalys SAS (petit jeu phonétique autour du mot « khaliss » en wolof), domiciliée en France est une plateforme ayant vocation à accompagner dans un premier temps l’éducation financière des jeunes adolescents, notre cœur de cible étant à ce jour les enfants de +de 11 ans rentrant au Collège (i.e. la Génération Z comme on aime à les définir) en France.

Je suis un ancien banquier justifiant de plus de 10 années d’expérience professionnelle dans un Groupe bancaire international de premier plan et également la mère de deux enfants qui ont une très bonne conscience d’eux-mêmes et de leurs envies mais n’ont aucune notion ni de l’argent, ni de sa valeur.

C’est pour répondre à un besoin non satisfait en tant que parent que je crée Xaalys, une « banque transactionnelle du quotidien » complètement digitale qui accompagne et forme nos enfants. Xaalys a pour ambition d’être l’outil qui forme les enfants via une application mobile à la gestion d’un budget, les encourager dans l’atteinte de leurs objectifs tout en donnant des outils aux parents pour accompagner leurs enfants sur la voie de l’autonomie financière en exerçant, à distance, via leur propre interface dans l’application, un contrôle plus ou moins rapproché en fonction de leur maturité.

Inconscience que de quitter son job après 10 ans pour se lancer ?

D.B : Non absolument pas. Et c’est aussi un message fort que je voulais passer à toutes ces graines d’entrepreneuses en devenir qui hésitent à sauter le pas.

Si vous pouvez, allez-y, travaillez pour vous, il n’y a, in fine, rien de plus gratifiant que de se lever le matin, avoir une maitrise totale de l’allocation de son temps soit-il physique ou encore intellectuel.

Pour autant, si le moment de vie dans lequel vous êtes ne s’y prête pas…n’ayez pas de regret, décalez votre projet dans le temps mais n’y renoncez pas définitivement. Tout le monde n’est pas obligé de quitter son emploi pour entreprendre, il y a d’autres manières de s’épanouir en se ménageant du temps et de l’espace pour développer ses passions et ses compétences jusqu’à ce que tous les feux soient au vert pour sauter le pas.

Aujourd’hui nous célébrons les femmes. Quelle est selon vous la place des femmes dans notre société ?

D.B: Cruciale ! Les femmes sont en Afrique, et de manière encore plus marquée que ce que l’on peut voir en France, les poumons économiques de nos sociétés. Elles sont fortes, résilientes. En effet, elles gèrent non seulement leurs familles nucléaires mais surtout élargies car la famille au sens large occupe une place prédominante dans notre société. Or elles ne s’arrêtent pas là, elles gèrent de surcroit l’éducation de leurs enfants, leurs ménages et exercent des activités professionnelles pour contribuer aux besoins financiers de leurs familles.

Les femmes sont des héroïnes à bien y réfléchir. Nous sommes une société patriarcale par tradition mais matriarcales dans les faits – même si nous laissons en apparence aux hommes le soin de prendre les décisions « stratégiques », n’est-ce pas ?

 Vous avez l’air d’être définitivement une féministe convaincue et de porter haut notre société. La question que l’on a envie de vous poser est la suivante : pourquoi ne pas venir traiter la thématique de l’éducation financière au Sénégal, c’est un sujet extrêmement pertinent pour notre société également et pas uniquement pour les enfants ?

D.B : Vous avez raison. Et pour tout vous dire, je me suis posée la question et y ai réfléchi très sérieusement. Il faut d’abord que je vous dise que je passe beaucoup plus de temps au Sénégal depuis que je travaille à mon propre compte car le Sénégal dispose d’un vivier de compétences élargi et je prends beaucoup de plaisir à confronter les approches de mes fournisseurs/partenaires français avec des alternatives que je pourrais utiliser au Sénégal.

Le choix que j’ai fait à ce stade de démarrer mon activité en France est tactique car je suis sur un marché dont je maitrise mieux les rouages économiques et réglementaires et plus adapté à mes contraintes personnelles. Pour autant, il va sans dire que lorsqu’on nomme son entreprise Xaalys c’est bien parce qu’elle aura vocation dans un horizon moyen terme à exister dans une déclinaison africaine.

Et puis il faut que je vous fasse une confidence. Je suis de caractère quand même très réfractaire à la lourdeur et aux différentes obligations qui découlent du fait d’être sénégalaise, résidente dans le Pays.

 Que voulez-vous dire ?

D.B : Je suis toujours épatée par cette espèce de schizophrénie qui régit la vie des personnes à double culture. Nous sommes une nation anciennement colonisée mais je trouve que le Sénégal est moins traumatisé qu’un certain nombre d’autres peuples de cette période de notre histoire. Notre pays a pour moi toujours été un modèle en toutes choses, le niveau d’éducation, le savoir-vivre, la tolérance. Nous ne sommes pas le pays de la Teranga pour rien.

Pour autant, je trouve que notre pays perd de sa superbe. Est-ce la mondialisation, la peur de se perdre dans des repères d’un monde qui évolue trop vite et dans lequel on ne trouve plus sa place. Cela se traduit par une audience plus large pour des prêcheurs à tendance obscurantiste. Je pense que c’est un danger et il faut que nous soyons extrêmement vigilants. Il ne faut pas rejeter ce que l’on ne connaît pas ou les sujets auxquels on n’adhère pas. Il y a suffisamment d’espace au propre comme au figuré pour vivre chacun dans une acception propre à soi.

Je ne dis pas que nous devons tous être en phase sur tous les sujets, pour autant nous devons veiller à toujours garder un esprit ouvert et laisser des gens porter des visions et approches différentes des nôtres car c’est de là que provient la véritable richesse.

Je ne m’installe pas encore au Sénégal car je ne suis pas encore prête à gérer mon processus de « repat ». Car au-delà du poids de la société, les méthodes de travail restent quand même très différentes et il y a un réel travail et processus d’acculturation à faire pour réussir à faire cohabiter le meilleur des deux mondes. C’est un sujet et un processus en soi à gérer, je préfère à court terme me focaliser sur l’exécution de mon produit et éduquer parents et enfants aux nouveaux usages que je souhaite installer avec Xaalys.

 Qu’avez-vous envie de dire aux femmes en cette journée ?

D.B  : Je vais m’adresser à deux types de femmes. Celles qui aujourd’hui sont actives dans la société, mère, travailleuse et ayant elle-même des filles dans un premier temps. A celles là j’ai envie de dire que vous avez l’obligation de faire en sorte que vos enfants aient une vie bien meilleure que la vôtre peu importe que vous soyez nés dans un obscur village sans eau courante ou dans les cliniques privées feutrées de la capitale. La responsabilité d’un parent est de donner les clés, les outils pour que vos enfants n’aient pas à subir les injustices que vous avez pu subir en tant que femme. Mais cela passe aussi et surtout par de la bienveillance. Quand vous êtes une femme, aux affaires, et que vous croisez une autre femme en devenir qui aurait pu être votre enfant, vous avez pour responsabilité, de la conseiller, la guider et l’aider à s’en sortir de la meilleure manière possible. Les femmes doivent être solidaires entre elles mais aussi de manière intergénérationnelle.

Quant aux jeunes femmes qui vont constituer la relève, à elles j’ai envie de leur dire de se prendre en main. Sans vouloir généraliser, ce qui me frappe quand je discute avec des jeunes femmes entre 20 et 25 ans au Sénégal, plutôt celles qui n’ont pas eu le temps d’aller s’endurcir en étudiant à l’étranger – qui est loin soi dit en passant d’être l’eldorado que les vendeurs de rêves présentent – je les trouve indolentes. C’est sévère et je pèse mes mots mais c’est mon sentiment. A celles là j’ai envie de leur dire, vous pouvez faire tout ce que vous voulez dans la vie, levez-vous, donnez-vous les moyens et faites-en sorte de prendre place à table à côté des hommes.

 Avant de nous quitter, votre regard sur le Sénégal actuel et sa place dans le monde de demain ?

D.B : Je suis extrêmement fière d’être sénégalaise. Et pour cela je remercie tous les grands hommes qui ont cultivé et continuent à porter haut l’image de notre pays. Je pense que nos gouvernants, peu importe leur couleur politique, ont une responsabilité forte et doivent continuer à faire rayonner notre pays en s’adaptant aux nouveaux codes. Il faut redonner une place centrale à l’éducation et à la culture car lire, analyser, se forger des opinions constituent le meilleur rempart contre les déviances.

Il faut également vivre avec son temps et surfer à fond sur la vague des nouvelles technologies pour non seulement remettre les filles et garçons à niveau et surtout les préparer à devenir un vivier de compétences incontournable à l’échelle de la région d’Afrique subsaharienne déjà pour les années à venir.

Vous savez moi j’ai deux enfants métis, élevés dans une double culture. Mon rêve serait que d’ici qu’ils soient en âge d’exercer une activité professionnelle, le fait de venir s’installer dans leur pays le Sénégal, soit une évidence car ils pourraient y exercer l’étendue de leurs talents en raison d’une profusion d’opportunités.

A nous femmes, avec vous les hommes de créer les conditions pour que tous les enfants du Sénégal aient envie et la possibilité de devenir ce qu’ils veulent et vivre leurs rêves au Sénégal.

Propos recueillis par Damel Mor Macoumba Seck © Tract Quotidien 2018 – www.tract.sn

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