Dans l’édition de Jeune Afrique datée de ce dimanche 26 mai, le directeur de publication de Tract.sn, Ousseynou Nar Gueye, a écrit une tribune intitulée : « La peine de mort est un crime d’État ». Voici le début de ses lignes, sur un débat actuellement passionné au Sénégal, précédées d’un extrait de son texte mis ci-dessous en gras:
Après l’assassinat de la jeune Bineta Camara et d’autres faits divers récents, certains Sénégalais ont réclamé le retour de la peine de mort. Mais ne tombons pas dans la sauvagerie dont nous accusons les assassins, ne leur faisons pas ce que nous leur reprochons d’avoir fait.
« Ces derniers mois, au Sénégal, l’actualité a été émaillée de faits divers aussi tragiques que sanglants. Pas plus que d’habitude, sans doute, mais la presse et les réseaux sociaux s’en sont repus, alimentant l’indignation et l’émoi. Dernier en date : l’agression et l’assassinat de la jeune Bineta Camara au domicile de ses parents à Tambacounda, dans le sud-est du pays.
Chaque fois que des crimes de sang sont commis et qu’ils trouvent un large écho, les Sénégalais sont très nombreux, sinon majoritaires, à réclamer le retour de la peine de mort dans l’arsenal répressif. Les hommes politiques ne sont pas en reste. À la fin d’avril, pour un cas d’agression à scooter à 5 heures du matin dans le quartier dakarois habituellement calme du Point E (la victime s’était fait arracher son sac et sectionner un pouce), l’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Moustapha Diakhaté, est allé jusqu’à réclamer l’amputation (d’un bras et d’une jambe) du coupable. Il y a un an, en avril 2018, l’opposant Ousmane Sonko avait demandé la peine de mort pour les meurtriers d’un enfant, enlevé puis retrouvé mort à Rufisque. Et en ce mois de mai 2019, c’est au tour de Thierno Bocoum, un proche d’Idrissa Seck, d’en appeler à la plus grande sévérité pour les crimes violents – il ne s’est toutefois pas risqué à parler de « peine de mort ». »