En cette Korité 2019, Tract est allé à la rencontre d’une femme africaine de l’ailleurs. Elle est engagée, elle est leader… Le leadership féminin africain, c’est bien la marque de fabrique d’Aïda Diop, dynamique quarantenaire et entrepreneure aux multiples casquettes et facettes. D’origines Sénégalaise et camerounaise, elle se révèle être une charmante femme et mère de famille, qui vit à Cannes en France où, «avec des amis proches», ils ont mis sur pied Sen 06 (Sénégal-Côte d’Azur) une coopérative d’habitat dont le but est de «remédier aux difficultés qu’ont les membres de la diaspora sénégalaise en France à investir dans l’immobilier au Sénégal». A force de ténacité et de combativité, elle se voit récompenser, en 2017, par le prix Leadership féminin, «une reconnaissance pour le travail effectué» à Tougueul au nom de tous les siens. Aïda Diop sera, entre 2017 et 2018, responsable développement projet Money Diaspora. En 2018, cette femme battante est initiatrice du challenge digital Journée internationale de la femme africaine (Jifa) avec Panafrica Woman Glam’s Ship (cercle des femmes panafricaines glamour et Leadership de Cannes et d’ailleurs). Aïda, la Woman Glam Ship, a répondu à nos questions.
Propos recueillis par Cheikh Tidiane COLY
Tract.sn : Pourquoi le choix de Panafrica Woman Glam’Ship comme nom de votre Cercle ?
Aïda Diop : Cela a été un véritable casse-tête pour trouver un nom. Alors, pour faire simple, je suis allé chercher dans ma double origine (mon père est sénégalais et ma mère camerounaise) pour dénicher PANAFRICA. Je suis une femme d’Afrique et notre Cercle regroupe principalement les femmes, et le nom WOMAN m’apparait. Aussi, je suis une citoyenne cannoise qui ne cesse de parler de sa ville rappelant le festival international du film. Ainsi donc, Cannes évoque le cinéma et déroule le tapis rouge au monde du spectacle. C’est le chic, l’élégance, le glamour. Cannes, c’est GLAM. Comme naturellement la femme africaine. Pour finir, SHIP c’est la terminaison de leadership. Je dois également ajouter que notre objectif est de promouvoir tous les talents de la diversité : les femmes leaders, managers audacieux, startupeuses innovantes et visionnaires.
Quelles ont été vos activités depuis la création de votre cercle ?
Très investies dans l’immobilier, nous étions invitées au Salon mondial de l’immobilier commercial. En mars, à l’occasion de la journée internationale de la femme, nous avions organisé un Spécial-Apéro/Débat. «Intelligence artificielle et nouvelles économies: « Comment entreprendre autrement en 2019″» a été le thème. Alors, le concept consiste à réunir des associations, des entrepreneurs, des personnes physiques, experts, Banques, des jeunes et étudiants et à partir d’un thème nous faisons intervenir des professionnels sur le sujet. Entre autres activités multiples, en mai dernier, nous avons couvert pour un magazine américain le festival de Cannes avec des interviews de femmes africaines dans le monde de l’audiovisuel et l’industrie cinématographique. Enfin, je saisis l’opportunité pour annoncer que nous organisons, le 13 juillet prochain, notre deuxième édition Apéro-Débat à Cannes. Ce sera l’occasion pour nous de faire un focus sur ma participation au Salon mondial de l’immobilier, Mipim, et la feuille de route qui sera mis en place.
Quelle définition donnez-vous à l’égalité homme-femme ? Et selon vous, sur quel levier s’appesantir pour aplanir ce « fossé » ?
L’égalité des sexes, plus qu’un concept, un combat. A quoi pensez-vous quand on vous parle de l’égalité des sexes ? Non, une femme ne devrait jamais être victime de discrimination sous prétexte qu’elle est une femme. Alors pour que l’égalité des sexes ne reste pas seulement un concept, une simple idée, l’Onu, au-delà de notre combat propre, travaille à établir une égalité en droit entre un homme et une femme. Le document fera ensuite partie intégrante de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Alors Mesdames, sachez que bientôt, l’assurance d’un salaire égal pour un travail égal sera prochainement inscrite et écrite noir sur blanc dans ce texte de référence semble-t-il. On attend de voir. Néanmoins, je dois dire aux femmes que nous sommes qu’il ne faut jamais oublier notre culture et nos origines. C’est important.
Avez-vous été victime de misogynie ou encore de racisme ?
Oui bien sûr. Et, je me rends compte qu’il y a également une certaine hypocrisie dans ce sens. Mais, je préfère ne pas m’étaler dessus car j’ai des armes pour combattre ce genre de comportements. Autrement, je soutiens un groupement qui s’appelle le collectif des ROSAS. Il lutte contre la Négrophobie. Cette appellation peut choquer, mais c’est cela et on l’assume pleinement.
Comment voyez-vous l’avenir des femmes en Afrique et dans le monde en général ?
Elles brillent et chemineront toujours avec lucidité, modestie, détermination, vision pratique… Dirigeantes ou managers, les femmes ont toutes les qualités de leadership pour accompagner le développement de l’Afrique. C’est cela : « Voir le possible là où les autres voient l’impossible, telle est la clé du succès. » En faisant sienne cette citation de Charles-Albert Poissant, les femmes ont décidé de prendre leur destin en main et d’acquérir leur indépendance, malgré des freins pesants à l’accès aux financements, le poids de la culture, la religion et la vie familiale.