Sur les bancs des 24 participants à la CAN 2019, 11 d’entre eux sont africains, même si les « sorciers blancs » sont toujours de la partie.
Trois constats sont à établir en lisant les noms des sélectionneurs de cette première Coupe d’Afrique à 24 nations. D’abord, il n’y a plus Claude Leroy – pour la première fois depuis 30 ans, le Français n’a pas réussi à qualifier le pays qu’il entraîne, le Togo ayant été battu par le Bénin. Ensuite, on constate l’émergence des sélectionneurs africains : en 2017 au Gabon, seules 4 sélections (sur 16) avaient un sélectionneur local. Cette année, les coachs africains seront 11, ce qui marque un vrai renouveau. Enfin, malgré la donnée précédente, les « sorciers blancs » français restent privilégiés par les dirigeants africains. Huit sélections, soit un tiers du plateau, seront dirigées par des Français : le Maroc(Hervé Renard), le Nigeria (Gernot Rohr), la Tunisie (Alain Giresse), le Bénin (Michel Dussuyer), la Mauritanie (Corentin Martins), le Kenya (Sébastien Migné), Madagascar (Nicolas Dupuis) et l’Ouganda (Sébastien Desabre). Voici les sélectionneurs à suivre…
Le surdoué
Hervé Renard (Maroc). Le sélectionneur de 50 ans est un surdoué de l’Afrique. Arrivé en Zambie en 2008, il remporte à la surprise générale la Coupe d’Afrique en 2012, aux tirs au but face à la Côte d’Ivoire. Après un premier passage en Ligue 1 où il ne peut éviter la descente de Sochaux en L2, Renard prend en main la Côte d’Ivoire et devient le premier entraîneur à remporter deux CAN avec deux pays différents. Vers une incroyable passe de trois avec le Maroc ?
Si Claude Leroy n’est pas là, c’est parce qu’il a été battu en qualifications par le Bénin de Michel Dussuyer. Spécialiste de l’Afrique, le Français de 60 ans a déjà participé à plus de CAN (5) que le pays qu’il entraîne cette année (4). Il s’agit du deuxième passage de Dussuyer à la tête du Bénin. En 2010, il avait été limogé après un premier tour raté. Lors de la dernière édition, l’ancien gardien de but de l’AS Cannes entraînait la Côte d’Ivoire, qui n’a pas passé le premier tour (éliminée par la RD Congo et le Maroc). Dussuyer a également été l’adjoint d’Henri Michel, sur le banc ivoirien, en 2006. Légende des Girondins de Bordeaux, Alain Giresse vivra lui aussi sa cinquième CAN sur un banc, à la tête de la Tunisie (après avoir entraîné le Gabon, le Mali et le Sénégal). Le champion d’Europe 1984 avait emmené le Mali sur le podium de la CAN en 2012 et rêve d’une performance similaire avec la Tunisie, ambitieuse à l’approche de cette compétition. Les Aigles de Carthage ont remporté leurs trois rencontres de préparation. Enfin, le Franco-Allemand Gernot Rohr dirigera les « Super Eagles » du Nigeria, après avoir mené le Gabon en quarts de finale en 2012, et le Niger au premier tour en 2013.
Les « ex » de Ligue 1
Djamel Belmadi (Algérie) et Aliou Cissé (Sénégal) sont des noms qui parlent aux supporteurs de l’Olympique de Marseille et du Paris-Saint-Germain. Formé au PSG, Belmadi a ensuite marqué le stade Vélodrome durant 5 saisons, au début des années 2000, avant de filer au Celta Vigo et à Manchester City. Ses premiers pas en tant qu’entraîneur ont été auréolés de trophées (4 fois champion du Qatar). Depuis un an, sa mission est de redresser l’équipe nationale d’Algérie, éliminée au premier tour de la précédente CAN. Belmadi succède sur le banc de la légende Rabah Madjer, limogée au bout de quelques mois. Aliou Cissé (PSG entre 1998 et 2001) a connu l’âge d’or du Sénégal en tant que joueur (finaliste de la CAN 2002, quart-finaliste du Mondial 2002) et pourrait ramener les Lions de la Teranga au sommet du foot africain en tant que sélectionneur. En poste depuis 2015, le sélectionneur aux dreadlocks a atteint les quarts de finale de la CAN 2017 et a manqué d’un rien la qualification en huitièmes de finale du Mondial en Russie, devancé seulement au classement du fair-play ( !) par le Japon. Son Sénégal est l’un des favoris pour le titre, avec la présence de Sadio Mané, vainqueur de la Ligue des champions avec Liverpool.
N’oublions pas Corentin Martins, qui a qualifié la Mauritanie pour la première Ccoupe d’Afrique de son histoire. L’ancien capitaine d’Auxerre (doublé Coupe-championnat en 1996) était le meneur de jeu de l’équipe de France (14 sélections), avant l’avènement d’un certain Zidane. Avant cette grande première (dans le groupe de la Tunisie, du Mali et de l’Angola), Martins s’est confié à France Football : « Franchement, je ne ressens pas de pression. Pas du tout. J’ai juste hâte d’y être, comme les joueurs. On a envie de montrer le foot mauritanien sous un beau visage. Je dis souvent aux joueurs : “Soyez ambitieux !” Même si cela ne sera pas facile, on cherchera à créer la surprise. »
Les légendes
Né au Suriname et international néerlandais (87 sélections), Clarence Seedorf a remporté 4 Ligues des champions dans 3 clubs différents, et a déjà connu 4 pays depuis le début de sa carrière d’entraîneur, il y a 5 ans à Milan. À la tête des Lions indomptables du Cameroun, Seedorf est accompagné de Patrick Kluivert, ancien directeur du football éphémère du Paris-SG. Le duo oranje a pris les clefs de Yaoundé après deux saisons contrastées : en 2017, le Cameroun remportait la CAN, sans toutefois parvenir à se qualifier pour le Mondial. Cet été, Seedorf a annoncé qu’il jouait « la gagne ».
Vainqueur de la CAN en 1994 et champion olympique en 1996 avec les Super Eagles, la légende Emmanuel Amunike sera peut-être un jour sélectionneur du Nigeria. En attendant, il dirige la Tanzanie. Les Kilimandjaro Stars n’avaient plus disputé le tournoi depuis 1980.
Avec Le Point (Thibaut Geffrotin)