«Oxfam ne fait pas la promotion de l’homosexualité au Sénégal ». La précision est faite par le Directeur régional d’Oxfam pour l’Afrique de l’Ouest, Adama Coulibaly. Ce, en marge de sa rencontre avec le vice-président de l’ONG Jamra, Mame Makhtar Gueye, ce lundi, 8 juillet, dans les locaux de l’ONG sis à Mermoz.
« Ce n’est pas dans notre mandat, jure-t-il. Nous avons un accord de siège avec le Gouvernement. (Lequel) trace très clairement les activités dans lesquelles nous devons évoluer ici au Sénégal. Ce sont sur les questions de gouvernance, d’eau, d’assainissement, d’hygiène, de revenus pour les femmes et les jeunes et des questions liées à l’humanitaire quand il y a des crises. C’est clair dans notre plan d’actions, dans celui que nous avons soumis au Gouvernement et c’est ce plan que nous déroulons ici au Sénégal. »
« Un lobby interne »
S’agissant de la fameuse lettre rendue publique par le cadre en question, Elimane Kane, portant sur la condition des LGBTI (la communauté des lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, inter-sexes et assimilées), Mame Makhtar Gueye évoque « un problème » interne : « En ce qui concerne la promotion des LGBTI au Sénégal, ils m’ont fait comprendre que dans les différentes structures d’Oxfam disséminées à travers le monde, il y a des structures qui comprennent des agents qui se réclament de cette communauté.
Ce sont ces agents d’Oxfam établis dans d’autres pays, qui se sont regroupés et qui ont rédigé un mailing-post envoyé à toutes les représentations d’Oxfam à travers le monde y compris à ceux qui sont basés au Sénégal. C’est une correspondance qui n’engage en rien la direction générale ni le personnel. Ce sont des agents qui disent qu’ils se sentent lésés en tant qu’homosexuels et qui disent qu’ils voudraient avoir beaucoup plus de droit et ne plus être victimes d’exclusion. »
Rencontre Jamra-Oxfam
Dans cette affaire qui oppose l’ONG britannique à un de ses cadres, Elimane Kane, Jamra a pris son bâton de pèlerin pour arrondir les angles.
« Sans que nous ayons eu à le souhaiter, le directeur des opérations, Abdou Aziz Faye, nous a joint au téléphone pour nous proposer de rencontrer les autorités d’Oxfam afin de recueillir leur version, renseigne Mame Makhtar Gueye. Nous les avons écoutés très longuement.
Jamra s’est proposé de s’inscrire dans une dynamique de réconciliation entre Elimane Kane et Oxfam. Le reproche qu’ils lui ont fait, ce n’est pas qu’ils lui dénient le droit d’avoir des activités politiques et de se prononcer sur l’actualité de son pays. Mais c’est d’avoir entretenu, peut-être involontairement, une sorte d’amalgame entre sa structure ’’Legs-Africa’’ et Oxfam.
Il a eu à écrire des lettres, à se prononcer sur la politique mise en œuvre dans l’Etat du Sénégal, c’est son droit le plus absolu en tant que citoyen mais Oxfam était en très mauvaise posture concernant notamment le dernier acte qu’Elimane a posé consistant à recevoir ici dans les locaux d’Oxfam la presse pour s’exprimer sur des postures adoptées par son organisation.
Alors, les responsables d’Oxfam n’ont pas manqué de recevoir des reproches qui leur ont été faits par les autorités (étatiques), qui ne se sont pas gênés pour leur rappeler leur devoir de réserve conformément à l’accord de siège que toute ONG signe avec le Sénégal au moment de son installation au Sénégal. »
Pour l’heure, Oxfam est disposé, une fois que la rencontre entre les responsables d’Oxfam, Elimane Kane et Jamra, aura abouti, à « suspendre » la procédure enclenchée à l’inspection du travail pour le licenciement du cadre concerné. La condition étant « qu’Elimane Kane cesse d’entretenir l’amalgame entre ses activités en tant que président de ’’Legs-Africa’’ et Oxfam ».