Alassane Ouattara n’a pas encore dit son dernier mot. À un an de l’élection présidentielle de 2020, le chef de l’État ivoirien maintient le suspens, même en ce 7 août, jour de fête du 59e anniversaire de l’indépendance de son pays. La veille, il a accordé un long entretien à la radio-télévision ivoirienne (Rti) en lieu et place de son traditionnel discours à la nation pour revenir point par point sur son bilan des huit années passées au pouvoir. Très attendu sur l’avenir finalement, il sera resté très évasif sur ses intentions de briguer ou non un troisième mandat. « Je ferai savoir [ma décision] en 2020. […] Je vais prendre ma décision au moment opportun et sur la base de ce que mon parti me dira de faire », a déclaré Alassane Ouattara, qui achève son deuxième mandat, après avoir été élu en 2010 puis réélu en 2015. Au cours des cinquante minutes d’entretien, le président est amplement revenu sur son bilan économique et social, la deuxième partie fut consacrée à la vie politique du pays, à quelques quatorze mois du premier tour de la présidentielle. Des échéances qui suscitent beaucoup d’interrogation.
Modification de la Constitution
« La Constitution me permet de faire deux autres mandats », a estimé le chef de l’État, répondant aux questions de Pascal Brou Aka, président du Conseil d’administration de la RTI. En effet, les Ivoiriens ont adopté une nouvelle Constitution, la troisième après celle de 2000 et de la période de l’indépendance. Le nouveau texte fondamental autorise deux mandats présidentiels, mais cette disposition est sujette à interprétation. Le chef de l’État a donc estimé qu’il était nécessaire de faire un léger aménagement sans pour autant dévoiler toutes ses cartes. « La modification de la Constitution doit être un processus qui dépend de l’opinion. Nous avons une Constitution depuis 2016. On l’a pratiquée. Il est clair qu’il y a des choses qu’il faut modifier dans la Constitution, mais ce n’est pas pour recaler des candidats. Non », a-t-il déclaré. Avant d’indiquer qu’il verra « avec les uns et les autres ce qu’il faut modifier ».
Reste l’épineuse question de la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), l’institution chargée d’organiser les élections en Côte d’Ivoire. Pour le président Ouattara, ce dossier est « bouclé ». « À partir du moment où l’Assemblée nationale et le Sénat ont voté, il n’y a plus de discussions. Les gens parlent comme si c’est la CEI qui va voter. Ce sont les Ivoiriens qui vont voter. Maintenant, je vais promulguer la loi aujourd’hui parce que tout le processus est bouclé. Ce dossier est bouclé. Les uns et les autres désigneront leurs représentants et ils vont se mettre au travail », a indiqué le chef de l’État ivoirien.