Vingt-six candidatures à la présidentielle tunisienne anticipée du 15 septembre ont été validées et 71 écartées, au terme d’un examen préliminaire des dossiers, a annoncé ce mercredi 14 août l’Instance chargée des élections en Tunisie.
Les personnes dont le dossier a été rejeté peuvent déposer un recours à partir du 15 août et l’annonce de la liste finale des candidats pour ce scrutin sera dévoilée le 31 août, a ajouté lors d’une conférence de presse, Nabil Baffoun, président de l’Isie.
Parmi les candidatures rejetées figure celle de Mounir Baatour, qui se présente comme défenseur des droits des LGBTQ, bien qu’il soit contesté au sein de cette communauté. La candidature de cet avocat revendiquant ouvertement son homosexualité aurait constitué une première dans l’histoire du pays et du monde arabe.
Pour sa formation, le Parti libéral, cette candidature devait faire date dans l’histoire du pays. Toutefois, près d’une vingtaine d’associations défendant les droits des personnes homosexuelles et trans en Afrique du Nord et sur le pourtour méditerranéen avaient estimé dans une pétition que Mounir Baatour représentait un “danger” pour la communauté LGBTQ (Lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et en questionnement).
“Le fait que je sois homosexuel ne change rien du tout”
Cet avocat à la Cour de cassation, également président du Parti libéral, avait purgé en 2013 trois mois de prison pour “sodomie” avec un lycéen de 17 ans, des faits qu’il a toujours niés. En Tunisie, la sodomie est réprimée par la loi. Toutefois les candidatures de personnes condamnées pénalement peuvent être acceptées en Tunisie, sauf si les jugements sont assortis d’une peine d’interdiction à se présenter.
“Le fait que je sois homosexuel ne change rien du tout. C’est une candidature comme les autres qui n’a rien d’unique. J’ai un programme économique, social, culturel et éducatif de tout ce qui intéresse les Tunisiens dans leur vie quotidienne”, déclarait le candidat à l’AFP.
Seulement en juillet, plusieurs associations LGBTQ avaient déjà exprimé leur opposition à la candidature de l’avocat. “Nous ne soutenons pas la candidature de Baatour (…) qui ne représente en aucun cas la communauté LGBTQ, ni notre mouvement en Tunisie”, ont écrit les auteurs de cette pétition transmise à l’AFP. “Nous considérons qu’il représente, non seulement une menace mais aussi un énorme danger pour notre communauté”, ajoutaient-ils
Parmi les 18 signataires, figuraient 11 associations tunisiennes comme “Chouf” et “Mawjoudin”, et “Queer of the Bled”, association enregistrée en France qui veut rendre plus visibles les personnes LGBTQ migrantes et des pourtours de la Méditerranée.
Le premier tour de l’élection présidentielle en Tunisie aura lieu le 15 septembre, la campagne officielle devant se tenir entre le 2 et le 13 du même mois. Initialement prévue en fin d’année, cette élection a été anticipée à la suite du décès de Béji Caïd Essebsi.