Le président Vladimir Poutine est inquiet pour… le peuplement de la Russie. Parce que concitoyens ne font plus d’enfants. En tout cas pas beaucoup, à l’image de l’Afrique à qui l’on reprochait d’ailleurs d’en faire encore un peu trop à nos jours, même si la tendance est à la baisse un peu partout dans le monde. En tout cas, le président russe est sérieux ; il veut booster, inciter son peuple à faire plus. Ainsi, il a annoncé une série de plans visant à augmenter le nombre d’enfants nés en Russie, en passant d’un taux de natalité moyen de moins de 1,5 par femme à 1,7 dans les quatre ans. Rien que ça.
« Aujourd’hui, principalement pour des raisons conjoncturelles, la situation démographique en Russie se dégrade de nouveau« , a affirmé le président russe lors d’une réunion consacrée aux questions familiales. « Cette tendance était prévisible, elle est liée aux conséquences des dernières profondes crises démographiques« , a-t-il ajouté, faisant référence « à la chute démographique de l’époque de la Grande guerre patriotique (1941-1945) et à celle du milieu des années 1990« . A cause du faible nombre de personnes nées dans les années 1990, les femmes en âge de donner naissance à un enfant sont actuellement moins nombreuses, faisant ainsi baisser le taux de natalité, selon les démographes.
Le président russe, qui a fait de la croissance démographique l’une des priorités de ses trois mandats, avait mis en place ces dernières années un programme de subventions familiales pour inciter les Russes à avoir plus d’enfants. Celles existantes vont être prolongées. Parmi d’autres mesures annoncées mardi, 144,5 milliards de roubles (2 milliards d’euros) seront alloués à de nouvelles allocations destinées aux femmes mettant au monde leur premier enfant, et non plus à partir du deuxième, selon le président russe.
Elles recevront en moyenne 10.500 roubles (autour de 150 euros) par mois durant 18 mois après la naissance, a-t-il précisé. « Nous avons besoin de travailler avec efficacité et cohérence dans tous les domaines, à la fois pour réduire la mortalité et stimuler le taux de natalité« , a déclaré le président, appelant à « reprendre de zéro notre politique de développement démographique« . La Russie, qui compte actuellement 146,9 millions d’habitants, en a perdu plus de cinq millions depuis la chute de l’URSS en 1991. Le pays avait alors été plongé dans un cercle vicieux démographique, la détérioration des conditions de vie ayant entraîné une hausse de la mortalité et une crise de la natalité.
Après une reprise ces dernières années, le déclin démographique semble à nouveau enclenché: selon l’agence de statistiques russe, le pays a perdu 106.200 habitants de janvier à octobre 2017. A la même période en 2016, la Russie avait gagné 18.200 habitants.
Le taux de natalité, un problème au-delà de la Russie
Plusieurs États d’Europe de l’Est sont aux prises avec une baisse du taux de natalité. Pas plus tard que la semaine dernière, le Premier ministre nationaliste de droite hongrois, Viktor Orban, a annoncé des plans de traitement gratuit de la stérilité pour les couples ainsi que d’éventuelles exonérations d’impôt sur le revenu pour les mères ayant trois enfants ou plus. Les mères de quatre enfants sont déjà exonérées en Russie, un pays qui a un taux de natalité de 1,48. La moyenne européenne est de 1,59 naissance par femme et plusieurs États, dont l’Espagne, l’Italie, la Grèce et Malte, sont bien en dessous du chiffre russe.
La population de la Russie a eu du mal à se remettre du déclin spectaculaire des années 1990, au point que M. Poutine a déclaré qu’en 1999, le taux de natalité était tombé à 1,16, inférieur même à celui de la Seconde Guerre mondiale. Elle a repris ces dernières années et, bien que la population soit actuellement de 147 millions d’habitants, le dirigeant russe a parlé d’une «période démographique très difficile» où les enfants des années 1990 donnaient eux-mêmes naissance. «Le destin de la Russie et sa perspective historique dépendent de notre nombre», a-t-il dit.
Tract (avec médias)