« Moratoire » sur la dette africaine et non plus « annulation » des dettes africaines : Le président français Macron qui appelait de ses voeux à la première, tout comme le pape François dans son homélie pascale, devront se contenter de la deuxième. Pour ne pas perdre complètement la face, Emmanuel Macron évoque le moratoire sur les dettes africainnes comme « une étape indispensable », dans un entretien sur les antennes de Radio France Internationale, ce mercredi 15 avril. Comprenez : ce n’est qu’une étape,on ira vers l’annulation. Mais rien n’est moins sûr. Aujourd’hui, le locataire de l’Elysée a expliqué la logique de l’approche actuelle de la dette africaine.
Dans cette crise sanitaire du Covid-19, la question de la dette des pays africains prend de plus en plus de place et fait réagir de hauts responsables d’institutions financières internationales, des personnalités de la société civile, des spécialistes de l’économie, le pape François, des chefs d’État africains et européens. Parmi ces derniers, la voix du président français s’est fait entendre une première fois de manière succincte lundi dernier lors de son allocution à propos des mesures prévues pour les jours à venir quant au confinement. Ce 14 avril, il s’est confié plus longuement sur cette même question.
Emmanuel Macron pour appuyer le moratoire du G20…
Se prononçant à propos du moratoire proposé par le G20, Emmanuel Macron a invité les ministres des Finances de ce cercle de décision qui se réunissent mercredi à acter ce moratoire, alors que la pandémie de Covid-19 menace de déborder les fragiles systèmes de santé des pays les plus pauvres. Ce moratoire « est une première mondiale », a affirmé le président français. « Le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C’est une étape indispensable et je pense que c’est une formidable avancée. » « Chaque année, un tiers de ce que l’Afrique exporte sur le plan commercial sert à servir sa dette. C’est fou ! Et on a accru ce problème ces dernières années », a-t-il relevé, rappelant qu’il était « favorable à une initiative d’annulation de dette massive ».
… et ne pas oublier de soutenir l’Afrique sur les plans sanitaire et économique
« Nous devons absolument aider l’Afrique à renforcer ses capacités à répondre au choc sanitaire et nous devons a fortiori l’aider sur le plan économique », a insisté M. Macron. Même si, jusqu’à présent, la pandémie semble moins toucher l’Afrique que le reste du monde, le président français a appelé à la prudence. « Je ne suis ni dans les catastrophistes, je ne veux pas non plus être dans les naïfs. Ce virus aujourd’hui, il touche tout le monde. » « J’ai beaucoup parlé avec mes partenaires africains pour qu’ils décident au maximum des confinements et qu’ils retardent l’épidémie : plus ils la retardent, plus les Européens sont en situation de leur apporter de l’aide, parce qu’on n’aura pas le pic épidémique au même moment », a continué Emmanuel Macron.
Il a plaidé pour une mobilisation de toutes les institutions internationales et des fondations privées pour la mise au point rapide d’un traitement et d’un vaccin contre le Covid-19. De cette façon, selon lui, « on se met en situation, le jour où on a un traitement, de le rendre accessible au continent africain en même temps qu’il sera accessible chez nous. Donc pas d’histoires de propriété intellectuelle, de délais, de sous : on se met en capacité de le faire. Pour le vaccin, pareil. »