L’écrivain chilien engagé Luis Sepulveda est décédé à l’âge de 70 ans en Espagne des suites du coronavirus, a annoncé sa maison d’édition ce jeudi 16 avril. L’information a ensuite été confirmée par l’agence de presse espagnole EFE.
“L’écrivain Luis Sepulveda est mort à Oviedo. L’équipe de Tusquets Editores regrette profondément sa perte”, a écrit le groupe éditorial espagnol dans un communiqué.
L’auteur était hospitalisé depuis fin février à Oviedo, dans la région des Asturies où il résidait. Il avait développé les symptômes de la maladie au retour d’un festival littéraire au Portugal.
“Le personnel soignant a tout fait pour lui sauver la vie mais il n’a pas surmonté la maladie. Mes plus sincères condoléances à sa femme et à sa famille”, a assuré sur Twitter le président de la région des Asturies, Adrian Barbon.
Vivant en Europe depuis les années 1980, Sepulveda est l’auteur d’une vingtaine de romans, chroniques, récits, nouvelles et fables pour enfants traduits dans une cinquantaine de pays dont son best-seller Le vieux qui lisait des romans d’amour. Traduit dans 35 langues, le texte lui a offert une renommée internationale.
Un auteur engagé
Né en octobre 1949 à Ovalle, au nord de la capitale chilienne Santiago, l’auteur avait milité très jeune dans les jeunesses communistes puis dans une branche du Parti socialiste. Ce qui lui avait valu d’être arrêté en 1973 par le régime du général Augusto Pinochet.
Emprisonné pendant deux ans et demi, il est assigné à résidence grâce à l’intercession d’Amnesty International et parvient à s’échapper, restant près d’un an dans la clandestinité. Repris, il est condamné à 28 ans de prison, une peine commuée en exil encore grâce à Amnesty. Il quitte en 1977 le Chili où il ne reviendra jamais s’installer.
Censé s’exiler en Suède, le jeune homme s’échappe lors d’une escale en Argentine pour commencer un périple de plusieurs années en Amérique du Sud où il fonde des troupes de théâtre en Equateur, au Pérou, en Colombie et s’engage dans la lutte armée aux côtés des sandinistes au Nicaragua.
Repenser notre rapport à la nature
Un programme d’études pour l’Unesco l’amène à partager en 1978 la vie pendant un an des indiens Shuars qu’il mettra en scène dans Le vieux qui lisait des romans d”amour, publié en 1992. Ce premier roman (Un viejo que leía novelas de amor) de Sepulveda est une invitation à repenser notre rapport à la nature.
Empruntant la forme du conte, l’auteur chilien y raconte l’histoire d’Antonio José Bolivar, qui connaît le peuple amazonien des Shuars (également appelés Jivaros par les envahisseurs espagnols). Lorsque des villageois les accusent à tort du meurtre d’un chasseur blanc, le vieil homme quitte ses romans d’amour, seule échappatoire à la barbarie des hommes, pour chasser le vrai coupable, une panthère majestueuse.
Succès planétaire, ce roman a été adapté au cinéma en 2001 par Rolf de Heer (“The Old Man Who Read Love Stories”), avec Richard Dreyfuss dans le rôle principal.
En mer avec Greenpeace
Parti d’Amérique latine, Sepulveda s’installe à partir de 1982 en Europe, d’abord à Hambourg en Allemagne où il fait du journalisme et travaille plusieurs années pour Greenpeace avec qui il sillonne les mers.
Retrouvant sa première femme, la poétesse Carmen Yañez, torturée sous la dictature chilienne, l’écrivain s’établit en 1996 à Gijón, dans les Asturies.
Luis Sepúlveda, qui a aussi eu une activité, toutefois marginale, de scénariste et de réalisateur, a aussi écrit, entre autres parutions, Le neveu d’Amérique (Patagonia express, 1996), Les roses d’Atacama (Historias marginales, 2001) ou La fin de l’histoire (El fin de la historia, 2016).
Un autre de ses grands succès fut Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler (Historia de una gaviota y del gato que le enseño a volar, 1996), à destination des “jeunes de 8 à 88 ans” qui a donné lieu à un film d’animation.
Tract (avec médias)