L’Afrique comptait ce vendredi 24 avril 27 852 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 1 303 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. 7 474 malades sont guéris. L’Afrique du Sud passe devant l’Égypte et devient désormais le pays le plus touché du continent.
• Ramadan : confinement strict au Burkina et au Tchad, léger assouplissement en Algérie et en Égypte
Le ramadan n’aura pas la même saveur pour les musulmans africains suivant où ils se trouvent sur le continent. Cette période sacrée de jeûne, 4e pilier de l’islam, débute ce vendredi. Au Burkina-Faso, on s’attend à vivre un mois difficile, surtout dans la capitale. Ouagadougou est en quarantaine, les mosquées et marchés sont fermés. Les familles s’apprêtent à se serrer la ceinture, nous rapporte notre correspondant Yaya Boudani. « La table ne sera pas garnie comme d’habitude », lui confie un habitant ouagalais. « Les vivres ne circulent plus comme avant. Par exemple les beignets ou les dattes, je ne pense pas qu’on en aura ». Pour faire face, des chaînes de solidarité s’organisent dans les mosquées, pour venir en aide aux familles les plus en détresse. Avec la préparation et la distribution de kits, dans lesquels les fidèles trouveront des produits de première nécessité : des pâtes, du riz, du sucre et de l’huile. Le Burkina compte jusqu’à ce vendredi 616 cas de coronavirus pour 41 décès.
En Côte d’Ivoire aussi, le mois de jeûne ne sera pas aussi festif que d’habitude, pour les 43% de musulmans que compte le pays. Les croyants sont appelés à prier à la maison, les mosquées sont fermées et la solidarité est difficile à organiser. « D’habitude à chaque ramadan, on organise le jeûne », explique un volontaire d’une mosquée d’Abidjan à notre correspondant François Hume-Ferkatadji. « Et à partir de 18h on fait le Baga, le café, le thé, du pain… On est au moins une centaine à venir rompre le jeûne ici. Cette fois, on ne va pas avoir les moyens de faire les colis alimentaires. Donc ce sera très difficile cette année. » Le pays recense 1 004 cas et 14 morts depuis le début de la pandémie.
Même constat au Tchad : le ramadan s’annonce rude, d’autant que le prix des denrées alimentaires de base a augmenté. Notre correspondant dans la capitale tchadienne Madjiasra Nako, nous raconte que les habitants ont profité des derniers salaires d’avril, tout juste versés, pour faire le plein. Mais aussi que les Tchadiens aimeraient un assouplissement du couvre-feu en cette période de ramadan. Le couvre-feu actuel, instauré depuis le 2 avril, dure de 20h à 5h du matin et est prévu a minima jusqu’à la fin du mois. Le Tchad dénombre 40 personnes qui ont contracté le virus depuis son apparition, mais personne n’en est mort.
Au Maroc, pas d’assouplissement au contraire, mais un durcissement des mesures de confinement. Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’instauration d’un couvre-feu nocturne pour ce mois de ramadan, de 19h à 5h du matin. Il sera formellement interdit aux habitants de se déplacer « en dehors de leurs domiciles ou sur la voie publique pendant cette tranche horaire que ce soit à pied ou à bord de véhicules de transport, à l’exception des personnes travaillant ou exerçant dans les secteurs et activités essentielles », précise le document. Le royaume chérifien fait partie des pays les plus touchés du continent (3 568 cas, 155 morts).
Au contraire, le voisin algérien, également très touché (3 007 cas, 407 morts) va légèrement assouplir les restrictions pour la période du ramadan. Par exemple, le confinement total de la province de Blida, épicentre de l’épidémie dans le pays, est remplacé par un couvre-feu (de 14h à 7h). Et à Alger et huit autres provinces, le couvre-feu déjà en vigueur va être raccourci (non plus 15h/7h, mais 17h/7h). Des mesures qui prennent effet dès ce vendredi.
Même chose en Égypte, où le couvre-feu est réduit de deux heures pour le ramadan : il s’étend donc désormais de 21h à 6h du matin. Par ailleurs, les magasins et centres commerciaux pourront ouvrir le vendredi et le samedi, jusqu’à 17h. L’Égypte est le 2e pays le plus touché du continent : 3 891 cas, 287 morts.
En Libye (60 cas, 1 mort), le confinement à été remplacé par un couvre-feu, de 18h à 6h pour les dix prochains jours. Jusque-là, le confinement mis en place depuis la semaine passée n’avait été que peu respecté par les habitants de ce pays en guerre. Les autorités tunisiennes ont, elles, raccourci de deux heures le couvre-feu nocturne imposé depuis le 22 mars. Il débute désormais à 20h. La Tunisie dénombre 909 cas pour 38 décès.
• L’Afrique s’en sortirait mieux que les autres continents
Le continent africain compte beaucoup moins de cas de coronavirus que les autres, pointe ce vendredi Norbert Navarro dans sa revue de presse. Un constat mis en lumière par le quotidien français Les Echos. Tout au plus, 0,02% de la population africaine est contaminée, contre plusieurs pour cent en Europe par exemple. Les conséquences économiques de la pandémie sont encore incertaines sur le continent, mais cette faible expansion du virus s’expliquerait en partie par la démographie. 95% des Africains ont moins de 65 ans, et les jeunes seraient peu contagieux.
• RDC : le Nord-Kivu ne compte plus aucun cas de coronavirus
Bonne nouvelle dans l’est de la République démocratique du Congo : il n’y a plus un seul cas de Covid-19 dans la province du Nord-Kivu, annonce son gouverneur. Il reste toutefois attentif face à la double menace qui pèse sur la région : celle du coronavirus, et celle d’Ebola. Cinq cas étaient auparavant recensés dans cette province frontalière du Rwanda et de l’Ouganda. Tous ont été guéris, que ce soit à Goma ou à Beni. Les déplacements jusqu’ici suspendus entre Beni et Butembo peuvent reprendre, mais les voyageurs doivent porter un masque. La RDC a enregistré jusqu’ici 394 cas confirmés, dont 382 dans sa capitale Kinshasa, qui concentre l’ensemble des 25 décès.
• Sénégal : 66 nouveaux cas
Au premier jour du ramadan au Sénégal, le dernier bilan du ministère de la Santé est en hausse : 66 nouveaux cas. Depuis le début de la pandémie, le Sénégal enregistre 545 cas déclarés positifs, dont 276 sous traitement. Le nombre de décès (6 depuis l’apparition du virus) n’a lui pas évolué ce vendredi. Selon le ministre de la Santé, « les commerçants sont parmi les plus exposés ». Abdoulaye Diouf Sarr rappelle aussi les consignes de sécurité : port du masque et interdiction de déplacements entre les localités. Le nombre de prélèvements sera lui augmenté au cours des prochains jours.
• Au Congo-Brazzaville, au Rwanda et au Kenya, ONG et intellectuels dénoncent les violences policières pendant le confinement
Ils sont universitaires, avocats ou journalistes… Cette dizaine de Congolais ont signé une tribune pour dénoncer les cas de violences policières pendant le confinement, et notamment durant le couvre-feu : violences, rackets, atteinte à l’intégrité physique… Certains commerçants de Brazzaville affirment même être victimes de pillages de la part des policiers. Les signataires de la tribune concèdent que l’état d’urgence est nécessaire pour endiguer la propagation du virus (le pays compte 186 cas déclarés pour 6 morts), mais que des garde-fous doivent être mis en place pour éviter les dérives policières, ont-ils confié à RFI. Le porte-parole du gouvernement congolais Thierry Mungalla estime, lui, que les accusations ne sont pas étayées, mais appelle cependant les victimes de violences ou de rackets de la part d’agents de la force publique à saisir les services judiciaires compétents.
Des violences policières également pointées du doigt au Rwanda et au Kenya. L’ONG Human Rights Watch indique qu’au moins 7 personnes ont été abattues au Kenya depuis le début du couvre-feu, et 2 au Rwanda, à Nyanza. L’armée rwandaise affirme avoir ouvert une enquête sur les incidents présumés et arrêté cinq suspects. Le Rwanda répertorie 154 cas et aucun décès.
• Le Cameroun organise le rapatriement de 668 citoyens bloqués à l’étranger
675 Camerounais ont déjà été rapatriés depuis le début de la pandémie, mais ils sont quasiment autant à vouloir rentrer. Pour l’instant, 668 citoyens sont toujours bloqués à l’étranger, du fait de la fermeture des frontières. Mais le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, a annoncé leur rapatriement imminent à l’issue de la réunion interministérielle hebdomadaire autour du Covid-19. Le Cameroun décompte 1 401 cas et 49 morts de la pandémie.
#Covid19Cmr
CR de la réunion du Comité Interministériel de suivi-évaluation #Covid19 que j’ai présidée ce matin en visioconférence.
A date, le pays enregistre 1134 cas, 668 guérisons, 43 décès. Le Gouvernement assurera le rapatriement des 668 compatriotes bloqués à l’étranger
• Vers un confinement moins strict en Afrique du Sud
3 953 malades, 75 morts… L’Afrique du Sud frôle la barre des 4 000 cas et devient ce vendredi le pays le plus touché du continent. Des chiffres qui n’ont pas empêché le président Cyril Ramaphosa d’annoncer que le confinement, jusqu’ici très strict, serait peu à peu assoupli. Un déconfinement par étapes, pour éviter un « déconfinement précipité » que redoute les autorités sud-africaines, et qui pourrait un renforcement de l’épidémie. Pour ce faire, cinq paliers ont été établis, qui correspondent à cinq niveaux d’alerte. Pour l’instant, l’Afrique du Sud est au niveau 5 depuis un mois. Avant d’envisager un retour à la normale, la nation arc-en-ciel passera au niveau 4 le 1er mai. Ce qui veut dire que certaines entreprises pourront reprendre leurs activités avec quelques employés. En revanche, les frontières du pays resteront fermées. Les commerces, stades et lieux de cultes aussi. Le port du masque sera lui rendu obligatoire. Un masque qu’a eu beaucoup de mal à enfiler le chef de l’État lors de son allocution télévisée, ce qui n’a pas manqué d’amuser les internautes.
Un président pas rancunier qui s’est lui aussi moqué de sa maladresse lors d’une nouvelle apparition devant les médias :
[WATCH]: President Cyril Ramaphosa shared a lighter moment with journalists at Charlotte Maxeke Hospital, where he poked fun at himself putting on a mask, jokingly saying he would start his own TV channel to show people how to put on a mask.#CyrilFridays #CyrilMaskChallenge
• Kenya : les laboratoires en première ligne
La riposte kenyane s’active. Face au Covid-19, le pays lance une campagne massive de tests, qui a commencé avec l’examen des agents de santé. Le rôle des laboratoires, chargés de détecter les malades, va devenir crucial. Et notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh a pu visiter le Kemri, l’Institut de recherche médicale du Kenya. Le directeur-adjoint explique que début avril, les tests se faisaient manuellement, à hauteur de 300 par jour. Désormais, les tests se font en machine, et certaines peuvent traiter 3 000 échantillons par jour. Le pays espère 250 000 tests d’ici fin juin. Le Kenya recense 320 cas de coronavirus et 14 morts depuis l’apparition du virus.
• Les soldats américains de Djibouti en état d’alerte
Alerte à Djibouti. Les forces américaines ont été placées en état d’alerte sanitaire, car le nombre de cas positifs a très fortement augmenté dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique. « Un état d’urgence de manière préventive », a détaillé dans un communiqué le général Michael Turello, commandant des forces américaines à Djibouti. Il n’a cependant pas précisé si des cas de coronavirus avaient été recensés parmi le personnel militaire et civil des installations américaines. Lors de la dernière semaine écoulée, Djibouti a enregistré 400 cas supplémentaires de coronavirus, portant le total à 999 (pour 2 morts). Le nombre de cas positifs a été multiplié par 7 en deux semaines. Une évolution préoccupante pour ce petit État, dont la population approche le million d’habitants, où le pouvoir autoritaire du président Ismaïl Omar Guelleh peine à faire respecter le confinement.
Tract (avec médias)