L’ex-leader de la rébellion, accusé par l’Etat ivoirien de tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat, de détournement de biens publics et blanchiment, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis le 23 décembre dernier.
Les accusations du ministère public portent sur un détournement s’élevant à un milliard et demi de Fcfa.
On lui reproche d’avoir frauduleusement acquis en 2008, alors qu’il était Premier ministre, une luxueuse résidence de fonction à Marcory, un quartier résidentiel d’Abidjan, la capitale économique, via des montages financiers.
L’ancienne ministre Affoussiata Bamba-Lamine, qui est l’une des avocates de Guillaume Soro, réclame toutefois un ajournement du procès. Selon elle, « la Cour africaine des Droits de l’Homme a rendu une décision: suspendre toute procédure judiciaire à son encontre et à celle de ses proches. Tous ceux qui ont été injustement arrêtés depuis le 23 décembre, jusqu’aujourd’hui, il faut les libérer, jusqu’à ce que la Cour se prononce sur le fond. »
La Cour africaine des Droits de l’Homme a en effet donné trente jours aux autorités ivoiriennes la semaine dernière pour exécuter son arrêt.
Mais selon un magistrat qui a requis l’anonymat, l’arrêt n’est que provisoire et n’empêche pas la tenue de l’audience.
Acharnement politique ?
Les avocats de Guillaume Soro dénoncent un acharnement politique pour éliminer leur client de la course à l’élection présidentielle d’octobre prochain.
« Tout ce qui s’est passé depuis lors, jusqu’aujourd’hui laisse penser qu’on va vers quelque chose qui sera une condamnation de Guillaume Soro dans le seul but de le rendre inéligible », attaque Affoussiata Bamba-Lamine.
Même s’il voit une stratégie politique dans le procès qui s’ouvre demain, le sociologue Rodrigue Koné y voit aussi une chance de faire éclater au grand jour la gestion des deniers publics en Côte d’Ivoire.
Il indique que « la réflexion globale que cet épisode nous amène, nous, en tant que citoyens ordinaires, c’est une question sur l’ensemble des pratiques qui restent communes à tous les régimes. Cette opération s’est faite sous le régime Laurent Gbagbo. Et là, on se rend compte que ces affaires-là restent une pratique de l’ensemble de la classe politique ivoirienne. »
Exilé en France depuis plusieurs mois, Guillaume Soro n’assistera pas à son procès. Il ne se fera pas non plus représenter par ses avocats qui ont opté pour le boycott actif.
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