En Italie, on ne badine pas avec l’Eglise catholique, tout comme au Sénégal, on ne plaisante pas avec les prérogatives des confréries musulmanes, notamment les deux principales que sont la tarifa mouride et la tjidianiyya. Dimanche soir, Giuseppe Conte, chef du gouvernement italien, a annoncé les premières mesures du déconfinement : au menu, aucune réouverture réelle — sauf pour l’industrie — mais la possibilité de rejoindre les autres membres de sa famille habitant la même région. Le président du Conseil a, par ailleurs, confirmé l’interdiction de participer à la messe. Un choix contesté : sa propre ministre de la Famille, Elena Bonetti, l’a jugé « inacceptable », tout comme l’extrême droite. Pour se défendre, le chef de gouvernement Conte à indiqué que son conseil scientifique l’a informé que « la pratique religieuse favorise la propagation du coronavirus « .
Cette décision de Conte a également ouvert un nouveau front pour l’exécutif. Dans la foulée de l’allocution de Giuseppe Conte, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a publié une note très dure — et rarissime dans la forme —, pour faire part de son mécontentement : « Nous réclamons de pouvoir reprendre notre activité pastorale, le gouvernement a, au contraire, arbitrairement décidé d’exclure la célébration de la messe avec du public. Nous ne pouvons accepter de voir compromis l’exercice de la liberté de culte. »
Les évêques avaient joué le jeu de la fermeture des églises pour Pâques malgré les pressions de Matteo Salvini
« Blessure ». Le quotidien Avvenire, propriété de la CEI, a qualifié, dans un éditorial, cette mesure de « blessure incompréhensible et injustifiable ». Préoccupé par cette attaque, Giuseppe Conte a répondu en promettant de résoudre la question et de publier « un protocole » au cours de la semaine.
Il ne s’agit pas moins d’une rupture profonde entre l’Eglise et l’exécutif, jusqu’à présent très proches dans la gestion de la quarantaine. Les évêques avaient ainsi joué le jeu de la fermeture des églises pour Pâques malgré les pressions de Matteo Salvini… ou peut-être à cause de celles-ci, car, ce n’est pas un mystère, le Vatican n’aime pas le leader de la Ligue. Cette aversion est telle qu’en août 2019, en pleine crise de gouvernement provoquée par Matteo Salvini, le pape François avait rencontré Giuseppe Conte, alors président du Conseil démissionnaire, pour afficher son soutien à l’alliance naissante entre le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles.
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