Malgré l’engagement des Ongs, le sacrifice de militants pour la cause de la nature, les gouvernements africains semblent ne pas prendre la pleine mesure de la gravité de la perte continue des surfaces de forêt. D’après la FAO, l’Afrique perd chaque année 3,9 millions d’hectares. L’une des raisons à ce phénomène tient au recul de la pauvreté et à la pression démographique.
L’Afrique est le seul continent au monde où le recul de la forêt s’est accéléré cette dernière décennie, selon un rapport dévoilé le 7 mai 2020 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Alors que l’Amérique latine a divisé par deux le rythme de perte de ses surfaces arborées, en Afrique le recul de la forêt s’accélère.
Amélioration au niveau mondial
Si l’Amérique du sud a perdu 5,2 millions d’hectares de forêts par an entre 2000 et 2010, le solde entre la déforestation et la régénération, naturelle ou de la main de l’homme, est tombé à moins 2,6 millions d’hectares annuels (en moyenne) pour la décennie 2010-2020. Cette tendance ne prend cependant pas en compte les données les plus récentes de pays comme le Brésil où, en 2019, première année de mandat du président Jair Bolsonaro, la déforestation a augmenté de 85% par rapport à 2018.
Mais en Afrique, la perte de surface forestière s’est accélérée entre ces deux périodes, passant de 3,4 à 3,9 millions d’hectares en moins chaque année. Le continent africain détient ajourd’hui le triste titre de « leader de la déforestation ». « C’est effectivement une très mauvaise nouvelle » pour le continent africain, a commenté Anne Branthomme, experte à la FAO, qui travaille au programme d’évaluation des ressources forestières mondiales.
Une des explications, est certainement la croissance démographique dans la région. Beaucoup de la déforestation locale est due à l’agriculture de subsistance à petite échelle.
Un recul insuffisant de la pauvreté, combiné à la croissance démographique, « fait que la pression sur les forêts est augmentée, ce qui est très dommage, puisque les forêts en Afrique représentent aussi une source très importante de nourriture, de bois de chauffage, de bois énergie », a-t-elle ajouté. Un véritable cercle vicieux de la pauvreté.
Autre facteur, selon Mme Branthomme, l’Afrique fait partie des continents où la proportion de forêts bénéficiant de plans de gestion durable (24%) est l’une des moins importantes. Elle rappelle que la FAO menait « beaucoup d’actions sur l’aménagement durable des forêts », citant notamment l’initiative de la « Grande Muraille verte ». Celle-ci est un programme phare du continent africain pour combattre les changements climatiques et la désertification, et lutter contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté à travers l’Afrique du Nord, le Sahel et la Corne de l’Afrique.
Exploiter la forêt de manière durable
On sait pourtant comment exploiter la forêt de manière durable, afin qu’elle puisse se renouveller. Ainsi en Europe, la surface forestière est plutôt en augmention. Mais certains pays africains cèdent encore parfois à la pression (ou à la corruption) exercée par des multinationales, notamment chinoises et malaisiennes. Il faut dire que la demande de bois est toujours forte. Le commerce mondial a connu une hausse record de 7%, atteignant 138 millions de mètres cubes, la Chine ayant représenté 25% des importations.
En revanche, la production mondiale de papier et de carton enregistre une petite baisse depuis 2018, sous l’effet conjugué des technologies numériques et du papier recyclé. Autre bonne nouvelle, la consommation de bois de récupération (recyclé) après consommation a dépassé les 27 millions de tonnes. Un chiffre encore modeste, mais une note d’espoir.
Tract.sn (avec média)