Bien après le Sénégal, le pays de Bolsonaro réagit à un remède contre le coronavirus. En effet, le ministère de la Santé du Brésil a recommandé mercredi l’usage de chloroquine et d’hydroxychloroquine pour les patients légèrement atteints par la Covid-19, après des semaines de pressions du président Jair Bolsonaro, qui y voit un remède miracle.
Cette recommandation a été faite dans un document du ministère au lendemain de l’annonce d’un nombre quotidien record de morts du coronavirus, franchissant le seuil des mille pour la première fois.
Auparavant, l’usage de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine (HCQ) dans les services de santé publics brésiliens était réservé aux cas graves de Covid-19.
La forte pression exercée par le président Bolsonaro, convaincu des effets – à ce jour non scientifiquement prouvés – de la chloroquine pour lutter contre la pandémie, a poussé vendredi dernier à la démission Nelson Teich, le deuxième ministre de la Santé à quitter son poste en un moins d’un mois.
Son successeur n’a pas encore été choisi et le titulaire par intérim, Eduardo Pazuello, un général d’active, devrait « rester longtemps » à son poste, a révélé le chef de l’Etat mercredi.
Mais le président Bolsonaro n’a cessé de relativiser l’ampleur de la pandémie et de critiquer les mesures de confinement prises par les gouverneurs de la plupart des 27 Etats. Il veut remettre l’économie en marche.
– « Pas d’autre traitement disponible » –
Dans ses nouvelles directives, le ministère recommande la prise la chloroquine et d’HCQ, un dérivé utilisé notamment pour traiter le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, dès les premiers symptômes.
Le protocole du ministère souligne toutefois qu »‘il n’existe pas de garantie de résultat positif » et que la chloroquine, un antipaludéen, peut provoquer des effets secondaires « graves » pouvant aller jusqu’à « des défaillances sérieuses de certains organes » et « jusqu’à la mort« .
« Comme il n’y a pas d’études complètes prouvant les bienfaits de ces molécules pour le traitement de la Covid-19, (…) la décision de les prescrire revient au médecin, avec l’accord du patient« , explique le document.
Le ministère précise que les services de santé publique « ont déjà amplement utilisé la chloroquine et l’hydroxychloroquine pour le traitement d’autres maladies infectieuses« , tout en ajoutant qu’il « n’existe pas, pour le moment, d’autres traitements efficaces disponibles« .
La dizaine de pharmacies contactées par l’AFP mercredi à Rio de Janeiro et Sao Paulo étaient toutes en rupture de stock de ces deux médicaments depuis plusieurs semaines.
Certains patients brésiliens atteints de lupus ont relaté sur les réseaux sociaux de grandes difficultés à se procurer de l’hydroxychloroquine.
– « Médicament « de droite » –
La plupart des grands pays touchés, comme les Etats-Unis et la France, n’ont autorisé l’HCQ que dans le cadre d’essais cliniques ou à l’hôpital pour les cas graves, après décision collégiale des médecins.
Au Sénégal, les autorités sanitaires ont donné leur feu vert à sa prescription en milieu hospitalier.
Mardi soir Jair Bolsonaro a rappelé, dans une interview diffusée sur internet, que le président américain Donald Trump avait lui-même annoncé lundi prendre chaque jour un comprimé d’hydroxychloroquine, à titre préventif.
Le jour où le Brésil a franchi pour la première fois le cap des mille morts en 24 heures, il s’est même permis une plaisanterie, affirmant que « les gens de droite prennent de la chloroquine, ceux de gauche de la Tubaina« , une boisson gazeuse bon marché.
Le chef de l’Etat a également révélé qu’il gardait en réserve « une petite boîte » de comprimés de chloroquine au cas où sa mère de 93 ans en aurait besoin.
Fin mars, le président d’extrême droite avait défrayé la chronique en lançant que s’il était contaminé, le coronavirus ne serait qu’une « petite grippe« , en raison de son « passé de sportif » à l’armée.
Tract (avec médias)