Ils sont en quelque sorte les souffre-douleur des autres qui posent sur eux un regard accusateur. Eux, ce dont les patients guéris du Civid-19 au Tchad. Leur quotidien est devenu impossible, surtout quant on subi des discriminations. Le Directeur des droits de l’homme au ministère tchadien de la justice s’est indigné contre cet état d’esprit relevant, selon lui, de l’inhumanité.
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Il s’apelle Mathias Douwan. Jeune étudiant à l’université de N’Djamena, il a été testé positif au Covid-19 en mars dernier. Admis à l’hôpital provincial de Farcha (dans la commune du 1er arrondissement municipal de la capitale), où sont hospitalisées plusieurs personnes atteintes par le virus, il a été déclaré guéri après quelques semaines de traitement. Mais depuis sa sortie, son monde s’est effondré.
« À l’heure où je vous parle, je suis sans abri et j’ai trouvé refuge à l’église. Dans tout le quartier, je suis stigmatisé et personne n’ose s’approcher de moi. Je me sens vraiment délaissé. Personne ne choisit d’être malade, c’est une situation mondiale. Beaucoup de gens sont en train de mourir de la Covid-19. On devrait encourager ceux qui sont guéris plutôt que de les stigmatiser. J’aimerais vraiment faire un plaidoyer auprès du gouvernement pour accorder une protection aux personnes victimes de la Covid-19. La nuit où je suis sorti de l’hôpital, mon propriétaire m’a refusé l’accès à ma chambre. J’ai mon attestation délivré par l’hôpital après ma guérison, mais personne ne croit à tout cela », témoigne-t-il.
Mathias Douwang n’est pas le seul dans ce cas. Cet homme d’une quarantaine d’années, qui souhaite garder l’anonymat, habite dans le quartier Amtoukoui. Il explique qu’il est lui aussi victime de discriminations. Ses enfants sont même pointés du doigt dans la rue.
Depuis que je suis sorti de l’hôpital il y a deux semaines, aucun parent n’est venu me voir. On m’appelle juste au téléphone pour demander de mes nouvelles. Même mes enfants font l’objet de moqueries dans le quartier. C’est vraiment triste, explique, résigné, l’homme.
Application de la loi
Le directeur général des droits de l’homme au ministère de la Justice rappelle que ce genre de discrimination est puni par la loi.
« Je voudrais tout d’abord m’indigner parce que traiter une personne d’une manière discriminatoire est un délit, quelle que soit la raison. C’est inhumain quand cela concerne quelqu’un qui est malade parce qu’une personne malade a besoin de notre protection. Donc si une personne, parce qu’elle était malade de la Covid-19, ou bien parce qu’elle est encore malade, se voit refuser l’accès à un logement, ceci est une discrimination et je pense que le parquet doit être saisi pour remettre la personne dans ses droits », explique Abdel-Nasser Garboa.
En raison de cette stigmatisation, de nombreuses personnes atteintes de la maladie pourraient préférer se taire et cette dissimulation pourrait accélérer la propagation de la pandémie.
Une équation difficile pour les autorités tchadiennes qui doivent, d’un côté, faire appliquer les gestes barrières et de l’autre, éviter la psychose qui engendre la stigmatisation.
Tract.sn (avec média)