Le président malien Ibrahim Boubacar Keita a indiqué mardi qu’il pourrait nommer au Sénat des candidats malheureux qui briguaient un siège de député aux récentes élections, pour tenter de restaurer la stabilité après plusieurs semaines de contestation croissante.
Cette proposition intervient après deux rassemblements d’ampleur en juin dans cet Etat d’Afrique de l’Ouest de 18 millions d’habitants, organisés par une opposition galvanisée dans un contexte d’hostilité grandissante envers le président. Plusieurs milliers de personnes ont notamment défilé dans les rues de la capitale Bamako, manifestant leur frustration face à la lenteur des réformes politiques, au sentiment d’une corruption étendue et à la violence quotidienne.
Le Mali peine à contenir l’insurrection jihadiste apparue en 2012, qui a causé la mort de milliers de personnes et qui a contraint des centaines de milliers d’habitants à fuir leurs foyers. Ces récentes manifestations ont emboîté le pas de rassemblements anti-gouvernementaux en mai, à la suite d’élections législatives tenues en mars.
La Cour constitutionnelle, en publiant les résultats définitifs en avril, a annulé la victoire d’une trentaine de candidats à la députation qui avaient été déclarés élus lors des résultats provisoires proclamés par le ministère de l’Administration territoriale. Ce qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes. Un partisan du président malien qui a été élu grâce à cette décision de la Cour est devenu par la suite président du parlement.
M. Keita a rencontré mardi un collectif de candidats ayant perdu le siège qu’ils pensaient avoir conquis en mars pour tenter d’apaiser la situation. D’après plusieurs participants et des responsables de la présidence, il a suggéré d’en nommer certains au Sénat.
Mais ces candidats déçus ont affirmé à l’AFP qu’ils n’étaient pas intéressés par un siège de sénateur. « Nous sommes les candidats spoliés. Nous ne voulons rien d’autre que nos sièges de députés pour aller représenter à l’Assemblée nos populations« , a déclaré Ibrahim Kébé, l’un de ces candidats malheureux, à l’AFP. « Nous sommes les véritables députés élus. Nous avons dit au président que le Sénat ne nous intéresse pas. Nous voulons retrouver nos sièges de députés« , a renchéri l’ancien candidat Adama Diarra, qui a assisté à la rencontre.Des membres du Haut conseil islamique du mali (HCIM), présents également, vont poursuivre les discussions afin de trouver une solution, a appris l’AFP auprès de participants.
Tract (avec médias)