D’abord présumés vecteurs de la maladie (d’où la fermeture des écoles annoncée le 12 mars 2020 par le président Emmanuel Macron, qui a précédé en France le confinement), les enfants ont ensuite été considérés comme peu contagieux dans l’épidémie actuelle de Covid-19.
C’est en effet ce que suggéraient les premières études. « Les données semblent toutes pointer dans la même direction : qu’il n’y a pas autant de transmission par les enfants », lançait en mai dans la revue Science l’épidémiologiste néerlandaise Susan van den Hof co-signataire d’un article portant sur l’étude de 54 familles.
Même son de cloche du côté de l’Institut Pasteur en juin, après analyse de 1.340 personnes reliées aux écoles primaires de Crépy-en-Valois (Oise), commune où le virus a beaucoup circulé en tout début d’année. « La principale information nouvelle apportée par cette étude est que les enfants infectés n’ont transmis le virus ni aux autres enfants, ni aux enseignants et ni aux autres personnels des établissements scolaires. » Autant d’éléments qui ont conduit à rouvrir progressivement les portes des écoles à la fin du confinement.
C’est dans ce contexte qu’une nouvelle étude publiée ce jeudi 30 juillet 2020 dans la revue médicale JAMA Pediatrics résonne comme un coup de tonnerre. Si les précédentes études portaient sur les enfants de moins de dix ans, celle-ci s’est concentrée sur les plus jeunes, âgés de moins de cinq ans.
Principal enseignement : ils présentent dans le nez des quantités de SARS-CoV-2 jusqu’à 100 fois plus élevées que chez les enfants plus âgés ou les adultes. A ce stade, l’étude ne dit pas cependant que ces enfants sont des vecteurs importants de propagation de la maladie.
Et elle mérite d’être confirmée car elle ne porte que sur un petit échantillon de malades : à peine 145 personnes (46 enfants de moins de cinq ans, 51 enfants âgés de 5 à 17 ans et 48 adultes entre 18 et 65 ans). Tous étaient passés par l’hôpital à Chicago (Etats-Unis) présentant des symptômes légers (toux, fièvre) et se sont prêtés ensuite à des tests nasaux.
Enfin, avec les moyens dont disposaient les chercheurs, ils ne pouvaient que chercher du matériel génétique du virus et non s’assurer qu’ils avaient bien affaire à des virus infectieux.
Mais pour Taylor Heald-Sargent, pédiatre à l’hôpital Ann & Robert H. Lurie de Chicago et premier auteur de l’étude : « Cela montre clairement que les enfants ont des niveaux de virus similaires et peut-être même plus élevés que les adultes. Il ne serait pas surprenant qu’ils soient capables de ‘répandre’ le virus et de le propager à d’autres. » Il reste cependant prudent : « Notre étude n’avait pas vocation à prouver que les jeunes enfants diffusent le Covid-19 autant que les adultes, mais ce n’est pas à exclure.«
De quoi en tout cas alimenter les débats sur la façon d’aborder la rentrée scolaire, qui doit avoir lieu en France dans tout juste un mois, le mardi 1er septembre 2020.
Source : Science et Avenir