Pour la présidentielle ivoirienne du 31 octobre prochain, l’électorat vient d’échapper au scénario saumâtre du remake de la présidentielle d’il y a dix ans, qui aurait vu s’affronter les trois anciens présidents Bédié, Ouattara et Gbagbo, au mépris de la nécessaire alternance générationnelle consubstantielle à toute démocratie. Si Bédié, 86 ans, est bien investi candidat du PDCI, et que Ouattara, 78 ans, se déclarera sans nul doute candidat à l’occasion de son discours de veille de fête nationale le 7 août, Laurent Gbagbo, 75 ans et plus jeune des dinosaures, a été évincé de l’investiture par son parti, le FPI. Le Front populaire ivoirien (FPI) vient de désigner ce samedi 1er août pour l’élection présidentielle d’octobre prochain, Affi Nguessan. À trois mois du scrutin, le FPI reste toutefois divisé, d’autant que l’absence du nom de Laurent Gbagbo sur les listes électorales n’est pas sans créer de remous. Rfi, écouté par Tract, a suivi l’investiture au FPI.
Sur la scène du Palais de la Culture d’Abidjan se sont succédé toute l’après-midi de ce samedi 1er août de nombreux artistes, des cadres et des militants du FPI, pour appeler à la candidature de Pascal Affi N’Guessan à la présidentielle d’octobre prochain.
Ils ont ainsi « considéré que le camarade Affi N’Guessan Pascal, candidat à la candidature est resté constant dans sa détermination à défendre et à promouvoir l’idéal et l’image du parti ».
Les femmes du Front populaire ivoirien ont également « exprimé [leur] soutien à la candidature du camarade Affi Pascal N’Guessan pour la victoire du FPI le 31 octobre 2020 ».
L’ombre de Laurent Gbagbo sur la candidature N’Guessan
Le président du FPI a accepté de porter les couleurs du parti sans grande surprise, puisqu’il était le seul candidat en lice. « J’ai l’expérience nécessaire pour servir la Côte d’Ivoire. Et nous allons gagner (applaudissements) », a-t-il notamment déclaré.
Mais cet enthousiasme ne saurait faire oublier les divisions qui perdurent entre les partisans du « Gbagbo ou rien » et ceux qui veulent voir le parti continuer sa route. « On ne suit pas Affi N’Guessan pour oublier Laurent Gbagbo. Il faut qu’on aille de l’avant ! »
Acquitté en première instance par la CPI, Laurent Gbagbo n’a pas encore fait part de ses intentions pour l’élection à venir mais sa participation semble toujours compromise.
L’avocate de l’ex-président ivoirien et ses militants dénoncent l’absence de leur dirigeant sur les nouvelles listes électorales. Ils pointent du doigt la Commission électorale indépendante, qui se défend et justifie pourquoi le nom de l’ex-chef de l’état a disparu.
C’est d’abord l’avocate de Laurent Gbagbo qui s’est manifestée. Jeudi dernier 30 juillet, dans un communiqué, Me Habiba Touré explique que son client, qui venait de demander un passeport auprès de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Bruxelles, a constaté l’absence de son nom sur les listes électorales fraîchement révisées et remises aux différents partis politiques par la Commission électorale indépendante. Dans sa déclaration, la magistrate appelle la CEI à jouer véritablement son rôle et à éviter les manoeuvres politiciennes.
Le lendemain, le secrétaire général du FPI « Gbagbo ou rien » Assoa Adou lui emboîte le pas, et remet en cause la sincérité des nouvelles listes, avant d’appeler à les réviser encore une fois dans la transparence et de façon consensuelle.
Le reproche des pro-Affi aux pro-Gbagbo
Le responsable communication de la Commission électorale Kigbafori Inza confirme que M.Gbagbo a bel et bien été retiré des listes, tout comme 711 autres citoyens ivoiriens. À chaque révision, le département de la Justice envoie les noms des personnes ne jouissant plus du droit de vote, notamment après une condamnation. Comme l’indique l’article 4 du nouveau Code électoral, et qui concerne donc l’ancien président jugé coupable en 2018 dans l’affaire du « braquage de la BCEAO ».
La nouvelle liste, comprenant 7 500 000 électeurs, est déjà publiée et affichée dans tous les lieux de recensement. Les contentieux éventuels peuvent être signalés jusqu’au 7 août, avant la publication de la liste définitive fin septembre.
En attendant, le FPI part en ordre dispersé. Les partisans d’Affi reprochent aux pro-Gbagbo de mettre en danger l’avenir du parti, en refusant toute alternative à l’ancien président.