WASHINGTON | Dans une décision historique, le candidat démocrate à la Maison-Blanche Joe Biden a choisi la sénatrice Kamala Harris pour défier avec lui Donald Trump le 3 novembre, première femme noire colistière aux États-Unis qui pourrait aussi devenir la première vice-présidente.
«J’ai l’immense honneur d’annoncer que j’ai choisi Kamala Harris, combattante dévouée à la défense courageuse des classes populaires et l’une des plus grands serviteurs de l’État, comme ma colistière», a annoncé Joe Biden, 77 ans, ancien vice-président de Barack Obama.
La sénatrice de Californie, 55 ans, s’est dite «honorée» de cette décision, qui donne un coup de fouet à une campagne largement paralysée par la pandémie de COVID-19.
Joe Biden et Kamala Harris s’exprimeront ensemble mercredi à Wilmington, dans l’État du Delaware, où vit le candidat démocrate.
Donald Trump a très vite critiqué ce choix. «Joe le mou et Kamala l’imposteure, parfaits ensemble, mauvais pour l’Amérique», dénonce une vidéo tweetée par le président américain.
«Lorsque Kamala était procureure générale (de Californie), elle a travaillé en étroite collaboration avec Beau» Biden, son fils décédé d’un cancer en 2015 dont il était très proche, a écrit M. Biden, un vétéran de la politique américaine.
«J’ai observé comment ils ont défié les grandes banques, aidé les travailleurs, et protégé les femmes et enfants face aux mauvais traitements. J’étais fier à l’époque, et je suis fier désormais de l’avoir comme partenaire pour cette campagne».
Kamala Harris a réagi en promettant de tout faire pour qu’il soit élu.
«Joe Biden peut rassembler les Américains, car il a passé sa vie à se battre pour nous. Et quand il sera président, il construira une Amérique à la hauteur de nos idéaux», a-t-elle tweeté.
Déjà pionnière
Fille d’immigrés jamaïcain et indienne, Kamala Harris accumule déjà les titres de pionnière.
Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle avait été élue, deux fois, procureure générale de Californie (2011-2017), devenant alors la première femme, mais aussi la première personne noire, à diriger les services judiciaires de l’État le plus peuplé du pays.
Puis en janvier 2017, elle avait prêté serment au Sénat à Washington, s’inscrivant comme la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la seconde sénatrice noire dans l’histoire américaine.
Femme au parcours brillant, digne du meilleur «rêve américain», elle avait pourtant dû jeter l’éponge dans la primaire démocrate avant même le premier scrutin, dès décembre, malgré des débuts en fanfares.
Les appels pour que Joe Biden choisisse une colistière noire se multipliaient depuis le mouvement de protestation historique contre le racisme et les violences policières provoqué aux États-Unis par la mort de George Floyd fin mai. Il avait promis dès mars qu’il choisirait une femme.
Dans son dernier tweet avant l’annonce, Kamala Harris écrivait justement, à propos du Congrès, que les «femmes noires et de couleurs ont pendant longtemps étaient sous-représentées aux postes d’élues, et en novembre, nous aurons l’occasion de changer cela. Mettons-nous au travail».
Barack Obama s’est réjoui de cette décision «en plein dans le mille». «Je connais la sénatrice Harris depuis longtemps», a souligné l’ex-président américain encore très populaire chez les démocrates. « Elle est plus que prête pour le poste ».
Elle qui rêvait de briser le plafond de verre en devenant la première femme présidente des États-Unis, Hillary Clinton, candidate malheureuse à la présidentielle de 2016, s’est dite «ravie» de cette voir ce duo «historique».
À 78 ans en janvier, Joe Biden serait le plus vieux président américain à prendre ses fonctions s’il remportait l’élection.
Il a laissé entendre qu’il ne ferait qu’un mandat et sa vice-présidente devrait donc apparaître en dauphine désignée pour l’élection de 2024, voire être appelée à le remplacer en cas de grave souci de santé, ou de décès.
Si elle connaît en effet bien le candidat, qu’elle appelle «Joe» en public, Kamala Harris avait surpris en l’attaquant avec virulence lors de leur premier débat démocrate, en 2019. Et certains électeurs progressistes lui reprochent son passé de procureure à la réputation dure envers les minorités.