Le Pakistan a condamné mardi soir avec « la plus grande fermeté » la décision de Charlie Hebdo de republier les caricatures de Mahomet qui en avaient fait une cible des jihadistes, à la veille du procès de l’attentat qui avait décimé l’hebdomadaire en janvier 2015.
« Un tel acte délibéré visant à heurter les sentiments de milliards de musulmans ne peut être justifié comme un exercice de la liberté de la presse ou de la liberté d’expression », s’est indigné son ministère des Affaires étrangères sur Twitter.
« De tels actes sapent les aspirations mondiales à la coexistence pacifique ainsi qu’à l’harmonie sociale et interconfessionnelle », a-t-il ajouté.
Des milliers de Pakistanais avaient manifesté en 2015 après la publication des caricatures. Un photographe de l’AFP avait notamment été blessé par balle devant le consulat de France à Karachi (Sud), où la protestation avait tourné à l’affrontement.
Le blasphème est une question incendiaire au Pakistan, deuxième pays musulman le plus peuplé avec près de 220 millions d’habitants, où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.
L’acquittement en octobre 2018 de la chrétienne Asia Bibi, qui avait passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, ce qu’elle a toujours nié, avait provoqué des marches violentes dans tout le Pakistan.
Fin 2018, l’ambassadrice des Pays-Bas au Pakistan avait dû quitter rapidement le pays après avoir été menacée de mort en raison apparemment de « représentations blasphématoires » diffusées par le leader d’extrême droite Geert Wilders sur Twitter, selon le ministère des Affaires étrangères néerlandais.
Le concours de caricatures de Mahomet que celui-ci voulait lancer avait provoqué un tollé au Pakistan.
Le procès de l’attentat jihadiste contre Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts le 7 janvier 2015, suivi des attaques qui ont ciblé une policière à Montrouge et un supermarché casher ce mois-là, s’ouvre mercredi à Paris et durera jusqu’au 10 novembre pour juger quatorze accusés.
Charlie Hebdo a décidé de republier les caricatures du prophète Mahomet qui en avaient fait une cible, et provoqué des manifestations parfois mortelles dans plusieurs pays musulmans.
La représentation des prophètes est strictement interdite par l’islam sunnite. Ridiculiser ou insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans.