Macron tance un reporter : l’engueulade de trop, tranche l’Obs français.
Emmanuel Macron s’est emporté contre Georges Malbrunot à Beyrouth. En s’en prenant publiquement à un journaliste français à Beyrouth, Emmanuel Macron n’honore pas la démocratie, écrit l’hebdo l’Obs, qui raconte :
La scène est surréaliste. Prenant à partie le journaliste Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro, reconnu comme l’un des meilleurs connaisseurs du Moyen-Orient, lors de sa visite au Liban, Emmanuel Macron se tourne vers lui et l’engueule vertement. « Ce que vous avez fait là, c’est très grave » lui lance-t-il devant les caméras, avant de lui faire la leçon comme à un garnement.
Que reproche-t-il au journaliste du Figaro ? La publication d’un article sur la rencontre du président français avec le chef du Hezbollah, qu’il a tenté de convaincre de s’engager sur la voie d’une réforme politique de fond. Le journaliste raconte comment l’homme fort de l’organisation chiite à Beyrouth a eu droit à un aparté confidentiel de plusieurs minutes avec le chef d’Etat Français, rapportant quasi mot pour mot leur échange.
«Je veux travailler avec vous pour changer le Liban», lui aurait dit Macron «Mais prouvez que vous êtes libanais…. Tout le monde sait que vous avez un agenda iranien. (…) mais vous êtes libanais, oui ou non ? Vous voulez aider les Libanais, oui ou non ? Vous parlez du peuple libanais, oui ou non ? Donc rentrez à la maison, aurait ajouté Macron, quittez la Syrie et le Yémen, et faites le boulot ici pour construire un État parce que ce nouvel État va aussi bénéficier à vos familles».
La reconstitution de ce dialogue, George Malbrunot la doit à une source anonyme.Tandis que les twittos se déchiraient entre supporters de la liberté de la presse et ceux mettent en cause « l’irresponsabilité » du journaliste, cet épisode pose en vérité question à plusieurs titres.
« Ce que vous avez fait est irresponsable ! » : Macron fait la leçon à un journaliste à Beyrouth
Sur le fond d’abord. On peut gloser à l’infini sur la question de savoir si les médias peuvent tout dire, un thème classique de dissertation scolaire. Il n’y a pas de réponse tranchée en la matière. Tout dépend du contexte et Il ne s’agit en vérité de rien d’autre que de responsabilité individuelle, éditoriale. La question se pose régulièrement à tous les journalistes… Faut-il divulguer des informations au risque de fragiliser une entreprise et donc ses salariés ? D’enrayer un procès ? De compromettre un processus diplomatique ? A contrario, ne pas le faire, n’est ce pas déjà accepter de renoncer à l’information pour entrer dans la logique de communication officielle? De flirter avec ces dangereuses connivences que l’opinion, ne cesse, et souvent à juste titre, de dénoncer?
Le président français a reproché au journaliste d’avoir gêné son action. Or George Malbrunot ne fait pas de la diplomatie, mais du journalisme. Son métier, c’est d’obtenir des informations. Et de les publier, dès lors qu’elles sont justes, et qu’elle ne mettent personne en danger. Ancien otage en Irak, rappelons-le, ce reporter expérimenté était aussi sûr de ses sources et de ses infos. On peut toujours en discuter. Chacun se fera une opinion. Mais Il reste le mieux placer à même de juger de la pertinence ou non de les partager.
Reste la forme. Que le président soit en désaccord avec un article et le fasse savoir à son auteur, « d’homme à homme » » comme il aime dire, pourquoi pas. Mais devant une nuée de caméras, à l’étranger qui plus est, c’est tout autre chose. Sans être corporatiste, comment ne pas être mal à l’aise devant cette mise en scène délibérée d’un président s’en prenant publiquement, du haut de son pouvoir, à un journaliste ? Impossible de ne pas y voir une pression évidente, en tout cas un message tacite envoyé à l’ensemble des médias, une forme très désagréable, et c’est un euphémisme, d’intimidation.
Depuis le début de son mandat, l’Elysée a verouillé sa communication avec application. Un nouveau cran vient d’être franchi. En matière de respect de la liberté de la presse, et même de la démocratie, on a fait mieux, conclut l’Obs
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