Les deux principaux candidats de l’opposition en Côte d’Ivoire ont appelé jeudi leurs militants au « boycott actif » du « processus électoral » en vue de la présidentielle du 31 octobre, lors d’une conférence de presse de l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et de l’ancien président Henri Konan Bédié.
« Nous avons décidé de porter solennellement à la connaissance du peuple de Côte d’Ivoire que le processus électoral en cours ne nous concerne nullement (…) que ce processus électoral est illégal », a déclaré M. Affi N’Guessan, sans toutefois annoncer leur retrait de l’élection, alors que la campagne électorale débute officiellement ce jeudi.
« Nous invitons nos militants (…) à mettre en application le mot d’ordre de boycott actif par tous les moyens légaux à leur disposition, afin que le pouvoir actuel consente à convoquer l’ensemble des forces politiques nationales afin de trouver des solutions acceptables à toutes les revendications » (de l’opposition), a poursuivi M. Affi N’Guessan, qui s’exprimait au côté de M. Bédié.
Il a demandé aux militants de « s’abstenir de participer, tant en ce qui concerne la distribution des cartes électorales qu’en ce qui concerne la campagne électorale », et de « faire barrage au coup d’Etat électoral que le président Alassane Ouattara s’apprête à commettre », et d’« empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin ».
Les deux hommes, qui n’ont pas répondu aux questions, se bornant à la déclaration de M. Affi N’Nguessan, ont promis une conférence de presse vendredi.
L’opposition, qui laisse planer le doute sur un boycott de l’élection présidentielle depuis des semaines, demande une réforme du Conseil constitutionnel et de la Commission électorale indépendante, « inféodés » au pouvoir, selo elle.
Elle estime que le président Ouattara n’a pas le droit de se présenter à un troisième mandat et conteste le rejet des candidatures de poids-lourds de la politique ivoirienne, notamment celles de l’ancien président Laurent Gbagbo et de l’ancien chef rebelle et ex-premier ministre Guillaume Soro.
De nombreux observateurs redoutent une crise pré-électorale ou post-électorale, dix ans après celle de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaitre sa défaite électorale.
Elu en 2010, réélu en 2015, Ouattara avait annoncé en mars qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d’avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats de M. Ouattara a été remis à zéro.
Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l’annonce de sa candidature et des échauffourées ont eu lieu dans plusieurs localités après l’annonce par le Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus pour le scrutin.
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