Quelles propositions concrètes sur la question conflictogène, au plan socio-culturel, de la natalité ? Non pas sa réduction mécanique malthusianiste, mais l’action sur des leviers de promotion par discrimination positive dans l’éducation formelle des filles pour repousser l’âge du mariage et l’entrée dans la maternité, un vrai espacement des naissances (4 ans entre deux enfants), l’autolimitation à un maximum de 4 ou 5 enfants sur 20 ans, la lutte contre le phénomène du « nèf » (deux maternités rapprochées souvent de moins d’un an) qui n’a un nom qu’au Sénégal, la criminalisation du mariage pas seulement précoce mais trop précoce de filles de 13 ans qui est la règle dans certaines régions intérieures du pays, la limitation de la polygamie à deux femmes pour mitiger les effets de l’entrée sur le même marché nuptial de filles de 17 ans qui entrent en concurrence de maternités avec leurs coépouses trentenaires ou quarantenaires…. et des hommes qui se trouvent dans la position de procréer effectivement (et le font!) pendant un période surréaliste de 45 ans de leur temps de vie.
Car même sils sont présumés nous venir pour beaucoup des pays frontaliers, les enfants en rupture de famille dans les rues sont l’un des symptômes d’un « excédent de stock » (excusez du terme) ingérable des naissances et les enfants ne doivent plus être envisagés comme des bras productifs à multiplier pour le travail de la terre. On ne peut appliquer la politique de l’enfant unique qu’a eu longtemps la Chine avec ses drames humains et excès étatiques, ni tuer les bébés filles comme certains en Inde, mais la population sénégalaise doit comprendre que son intérêt sur une ou deux générations (une période entre 20 ans et 40 ans) est d’aider l’État dans ses politiques de territorialisation en maîtrisant le rythme nataliste. On a 400.000 naissances par an au Sénégal : c’est la taille de population d’une nouvelle grande ville chaque année et ce n’est pas « tenable » du point de vue des soins et opportunités à offrir à ces 400.000 nouveaux Sénégalais annuels.