Le gouvernement camerounais a annoncé mercredi que quatre écoles avaient été attaquées et six enseignants enlevés en deux jours en zone anglophone, en proie à un sanglant conflit entre rebelles séparatistes et forces de sécurité.
Ces attaques surviennent onze jours après le meurtre de sept écoliers dans une école par des hommes armés, une tuerie attribuée par Yaoundé aux groupes armés sécessionnistes anglophones. « Plusieurs terroristes (…) ont kidnappé six enseignants et 10 élèves » dans une école protestante de Kumbo mardi, dans le Nord-Ouest, l’une des deux régions anglophones, a indiqué, dans un communiqué, René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement. Les élèves ont été libérés le même jour à la suite « d’une mobilisation spontanée (…) d’une cinquantaine de fidèles et de parents d’élèves », a-t-il ajouté. En revanche, « les six enseignants demeurent entre les mains des rebelles sécessionnistes ».
Les assaillants ont demandé aux élèves et aux professeurs de « se déshabiller avant de les prendre en photo quand ils étaient nus »
Mercredi, « près d’une dizaine d’individus non identifiés » ont attaqué une école de Limbé, dans le Sud-Ouest anglophone, d’après M. Sadi. « Après avoir fait subir des violences corporelles aux élèves et aux enseignants, les assaillants ont saccagé les locaux et incendié une bonne partie de l’établissement », a-t-il poursuivi. Contactée par l’AFP, une enseignante présente au moment de l’attaque, et qui a requis l’anonymat, a déclaré que les assaillants ont demandé aux élèves et aux professeurs de « se déshabiller avant de les prendre en photo quand ils étaient nus » et de « mettre le feu à deux salles de classe ».
A Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest, un collège a été attaqué mardi par « quatre terroristes » qui ont ouvert le feu avant de s’enfuir en raison de la présence d’une patrouille des forces de sécurité. A Fundong, dans la Nord-Ouest, six élèves du lycée ont été kidnappés sur le chemin de l’école mercredi avant d’être relâchés quelques heures plus tard sous la pression des populations, d’après le maire de la ville, Denis Awoh Ndong, joint par l’AFP. « L’école est utilisée comme une arme de guerre dans ce conflit », avait expliqué à l’AFP Ilaria Allegrozzi, chercheuse de l’ONG Human Rights Watch (HRW) pour l’Afrique Centrale, après le meurtre des sept écoliers le 24 octobre. « Les séparatistes ne veulent pas que les enfants se rendent dans les écoles, institutions qu’ils assimilent au pouvoir central », a-t-elle ajouté.
En novembre 2019, l’UNICEF estimait à 855.000 le nombre d’enfants non scolarisés dans les régions anglophones. Environ 90% des écoles primaires publiques, soit plus de 4.100 écoles et 77% des écoles secondaires publiques étaient alors fermées ou non opérationnelles.
Avec Afp