Tariq Ramadan a été confronté mardi au tribunal judiciaire de Paris par vidéo-conférence à l’une de ses premières accusatrices, Mounia Rabbouj, qui dénonce plusieurs viols en 2013 et 2014 pour lesquels l’islamologue suisse a été mis en examen fin octobre.
La confrontation entre M. Ramadan, désormais mis en examen pour des viols sur cinq femmes, et Mme Rabbouj qui s’exprimait de Douai (nord de la France) « pour des raisons liées au contexte sanitaire », selon son avocat Me Eric Morain, a duré environ neuf heures.
C’est la première fois que l’islamologue, 58 ans, qui s’estime victime de la vengeance d’anciennes maîtresses, est confronté à cette ancienne escort-girl de 47 ans qui avait porté plainte contre lui en mars 2018.
« Nous estimons que Mme Rabbouj n’a pas pu répondre au fait qu’elle ait initié, consenti et entretenu cette relation sans jamais faire état pendant toute cette période du moindre fait de contrainte ou de violence », ont réagi à l’issue de l’interrogatoire trois des avocats de M. Ramadan, Mes Nabila Asmane, Ouadie Elhamamouchi et Philippe Ohayon.
« Elle a été interrogée aussi sur ses liens au moment du dépôt de plainte avec (le paparazzo) Jean-Claude Elfassi qui a été récemment entendu dans ce dossier », ont-ils poursuivi. « Nous posons cette question: s’agit-il simplement d’une femme éprise et qui se venge en portant plainte ou est-ce qu’il y avait un intérêt financier à porter plainte? », ont-ils ajouté.
« Tariq Ramadan a pu remettre en cause à plusieurs reprises des déclarations de Mounia Rabbouj », s’est félicitée Me Elise Arfi, une autre avocate de l’intellectuel.
Mounia Rabbouj, partie civile lors du procès pour proxénétisme du Carlton, où comparut l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn, accuse M. Ramadan de l’avoir violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles de 2013 à 2014.
A l’appui de son récit, Mounia Rabbouj avait présenté une robe tâchée du sperme de l’islamologue.
Ce récit avait contraint l’intellectuel, qui niait jusqu’alors toute relation extraconjugale, à admettre qu’il avait eu des relations adultères avec elle et d’anciennes maîtresses, un tournant majeur dans ce dossier.
Cette confrontation « est une ultime étape importante qui est désormais derrière nous. Ma cliente n’a pas plié face à l’armada des avocats de M. Ramadan et elle a pu apporter, sans contradiction aucune, des réponses précises et circonstanciées », a réagi Me Morain.
La semaine dernière, M. Ramadan s’est aussi rendu à Genève pour y être entendu par un procureur genevois sur des viols en Suisse en 2008 dont l’accuse une femme surnommée « Brigitte ».
Le contrôle judiciaire de l’islamologue, qui lui interdisait de voyager hors de France, a été modifié en octobre pour lui permettre de répondre aux convocations du procureur de Genève.