Les évêques de Côte d’Ivoire ont encouragé vendredi le dialogue initié par le président Alassane Ouattara et le chef de file de l’opposition, l’ex-président Henri Konan Bédié, pour mettre fin aux troubles meurtriers liés à l’élection présidentielle du 31 octobre.
Les évêques espèrent dans une déclaration que le dialogue amorcé le 11 novembre « prenne en compte la libération de tous les prisonniers politiques, favorise le retour rapide de tous les exilés, dont le président Laurent Gbagbo, afin qu’ils prennent toute leur place dans le processus de réconciliation ». « Indignés », les évêques ont « condamné fermement toutes les violences de tous les camps, notamment de ceux qui ont armé et encouragé de jeunes dans le but funeste de massacrer d’autres jeunes ».
Pour l’Eglise, « les auteurs de ces crimes doivent être recherchés afin qu’ils répondent de leurs actes devant une justice impartiale. Il serait bon de recourir aux services d’une commission d’enquête indépendante (…) il est inadmissible (…) que l’on assiste à des chasses-à-l’homme à la machette, gourdin et fusil pour ôter la vie à son semblable ». Les violences politiques et entre communautés liées à l’élection présidentielle du 31 octobre ont fait, selon AFP, au moins 85 morts et près de 500 blessés depuis août, selon un bilan officiel.
La tension a nettement baissé depuis une rencontre entre MM. Ouattara et Bédié le 11 novembre. Les évêques, qui avaient déjà jugé avant le scrutin la candidature du président Alassane Ouattara « pas nécessaire », ont rappelé leur position estimant que les troubles sont nés d’un « manque d’objectivité dans l’interprétation de la Constitution ». La loi fondamentale ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats, mais le Conseil constitutionnel a estimé qu’avec la nouvelle Constitution adoptée en 2016, le compteur des mandats présidentiels avait été remis à zéro.
Ce que l’opposition conteste. Ouattara a été réélu pour un troisième mandat controversé face à une opposition qui a boycotté le scrutin et appelé à la « désobéissance civile », puis qui a proclamé un « Conseil national de transition » censé le remplacer. La justice ivoirienne a lancé des poursuites contre plusieurs leaders de l’opposition, dont certains sont emprisonnés. L’opposition a exigé des « actes d’apaisement » du pouvoir en préalable à tout dialogue politique.
La crainte d’une escalade des violences reste présente en Côte d’Ivoire, dix ans après la crise post-électorale de 2010-11 qui avait fait 3.000 morts, ainsi que 300.000 réfugiés et un million de déplacés internes en Côte d’Ivoire, selon l’ONU. La Côte d’Ivoire, 25 millions d’habitants, compte 40% de musulmans, 35% de chrétiens et 15% d’animistes ou sans religion, selon les statistiques officielles.
Avec médias