Les Educateurs spécialisés sont des travailleurs sociaux spécialisés dans la protection et la prise en charge des enfants et adolescents en conflit avec la loi ou en danger moral. Ces professionnels sont diplômés de l’Ecole nationale des travailleurs sociaux spécialisés (ENTSS, Ex-ENAES). Ils interviennent dans les structures de protection de l’enfant créées par l’Etat, tels que les Centres de sauvegarde, les structures de l’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), les Centres polyvalents et récemment les Centres de premier accueil. Cependant, le recrutement de ces professionnels est lent, voire inexistant.
Ainsi, une cinquantaine d’Educateurs spécialisés des promotions 2007 à 2011 restent à être recrutés dans la Fonction publique, au moment où il y a un déficit criard de personnels dans les structures. «Et aujourd’hui plus que jamais, l’Etat du Sénégal est encore interpellé sur la question de protection des enfants», soulignent-ils dans une lettre ouverte adressé au président de la République. «Récemment, en 2016 la formation des Educateurs spécialisés a été transférée au Centre de formation judiciaire (CFJ). Les élèves éducateurs admis du concours du CFJ sont des élèves fonctionnaires qui sont directement intégrés dans la Fonction publique à la fin de leur formation à notre détriment au moment où nous, les Educateurs spécialisés sortant de l’ENTSS, attendons pendant 14 ans notre recrutement dans la Fonction publique», dénoncent-ils.
«C’est en désespoir de cause que nous vous adressons cette lettre» «A défaut d’être recrutés comme fonctionnaire, avec l’appel à candidature de l’Etat, certains d’entre nous, animés d’un grand élan de patriotisme, ont démissionné des emplois qu’ils occupaient dans les Organisations non gouvernementales (ONG). Nous avons été pris comme vacataires au mois de juillet 2019 par le ministère de la Justice et déployés dans les différents services externes de la Direction de l’Education surveillée et de la protection sociale (DESPS) un peu partout dans le pays. Depuis notre prise de fonction, nous abattons un travail colossal pour la prise en charge et la protection des enfants qui nous sont confiés dans la plus grande discrétion », soulignent-ils. Ils précisent que «c’est suite à la promesse de suspension de l’ouverture du concours du CFJ Section ‘Education surveillée’ en 2020, qu’il a été décidé le parachèvement du processus de recrutement des diplômés des promotions 2007 à 2011.
Cette décision a été réitérée lors de l’audience que Garde des Sceaux, ministre de la Justice a bien voulu accorder au Collectif, en présence du bureau du syndicat. En lieu et place, l’ouverture du concours est encore lancée, tandis que les diplômés sont recrutés comme prestataires ou vacataires dans les services extérieurs de la DESPS».
«Monsieur le Président, depuis juillet 2020, une fois de plus, nous avions vécu des retards de salaires. Cela fait encore quatre mois, quatre mois d’attente, quatre mois d’angoisse, quatre mois à courir derrière ce qui nous est dû. C’est une situation dramatique, car les Educateurs spécialisés vacataires, les prestataires de service sont dans la même situation. Ce qui n’est pas sans conséquence sur notre situation socioéconomique surtout dans le contexte du Covid-19», interpellent-ils le chef de l’Etat. «Nous devons des arriérés de location à nos bailleurs et nos enfants risquent de ne pas reprendre le chemin de l’école, parce que nous devons de l’argent aux établissements qu’ils fréquentent. Il s’y ajoute que nous sommes dans l’impossibilité de prendre en charge convenablement nos familles, mettant à rude épreuve notre dignité d’homme et de chef de familles», disent-ils en soulignant que «c’est en désespoir de cause que nous vous adressons cette lettre pour que la situation se décante de nouveau.
En effet, nos nombreuses démarches avec la Direction de l’éducation surveillée et de la protection sociale au ministère sont restées sans succès». «Ainsi, conscients de votre attachement indéfectible à ces valeurs, les éducateurs spécialisés diplômés de l’ENTSS comptent encore sur le sens élevé de l’engagement qui vous caractérise, pour le payement de leur indemnité de vacation, leur recrutement dans la Fonction publique sénégalaise, puisqu’avant de former 40 éducateurs spécialisés avec tous les coûts financiers que cela implique, 50 sont déjà formés par l’Etat, prêts à l’emploi, en plus vacataires dans les services externes dudit ministère», plaident Mme Ndèye Astou Diba et ses camarades.
Aidara KARARA
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