Dans le bilan du Plan Sénégal Emergent (Pse), une large part est occupée par les bourses sociales. Cependant, cette politique sociale de l’Etat est en train de mener au bord du gouffre « l’un des plus grands champions de la politique d’inclusion sociale et financière du pays », ainsi que le quotidien l’As , lu par Tract, nomme la Poste, à cause d’une redevance de plus de 42 milliards FCFA.
La Poste nationale est au bord de l’agonie ! La cause, une mauvaise politique sociale de l’Etat. En effet l’Etat, qui devrait protéger cette entreprise eu égard regard à sa mission de service public, est en réalité le premier à piller ses ressources. Comme si la prolifération des institutions financières avec une concurrence débordante ne suffisait pas, l’Etat du Sénégal doit 42 milliards de francs Cfa au groupe La Poste.
Eh bien, selon la rédaction de Tract, il ne s’agit pas d’une « mauvaise politique sociale de l’Etat » : la Poste du Sénégal a tout simplement échouer à passer le palier pour entrer dans le 21ème siècle. On l’a d’abord délesté de la vache à lait qu’était la téléphonie, avec la création de la Sonatel en 1987. Ensuite, les paiements d’argent par télégrammes ont disparu puis ceux par transferts d’argent ont en grande partie échappé à la Poste. Les timbres ne se vendent plus car presque plus personne n’envoie de lettre timbrée à l’heure du courriel. Enfin la Poste, qui se vit comme une administration publique, entretient une clientèle pléthorique de salariés payés à se tourner les pouces et arrivés à la Poste suite à des recrutements sur base politique. La coupe est pleine. Il faut tout simplement fermer la Poste. Ou alors la privatiser. Le déficit structurel de la poste est l’objet de demande de soutien de l’Etat du Sénégal auprès de la Banque mondiale depuis au moins 10 ans.
Dans le solde actuellement reconnu par laDirection générale à la protection sociale et à la solidarité nationale (Dgpsn), l’Etat doit verser un montant de plus de 42 milliards de francs Cfa à la Poste comme paiement des bourses sociales. C’est ce qu’indique Ibrahima Sarr, secrétaire général du Syndicat National des Travailleurs de la Poste (Sntp). Il explique que l’Etat a cessé de verser à la Poste la rémunération du service public dont le montant est actuellement évalué à 11,5 milliards Fcfa. Un montant qui, selon Ibrahima Sarr, «n’est pas une subvention, encore moins un financement, mais une obligation de l’Etat, à la lumière du contrat de concession d’un service universel qui le lie à la Poste».
Actrice incontournable de l’inclusion sociale et financière et concessionnaire du service public postal, le syndicaliste trouve «paradoxal et déplorable que La Poste n’ait bénéficié de la part de l’Etat d’aucun financement pour l’investissement ou pour appui à l’exploitation encore moins au développement ».Alors que d’autres sociétés nationales telles que la Sonacos, la Senelec, Dakar Dem Dikk, la Rts etc, bénéficient de tels appuis pour soutenir leur croissance. Au lieu de cet accompagnement, se désole-t-il, «l’Etat grève les ressources de la Poste par une accumulation de créances, notamment avec des paiements des bourses de sécurité familiale».
Le postier affirme par la même occasion qu’une première reconnaissance de dettes, signée le 03 septembre, fait ressortir un solde de trente quatre milliards six cent soixante quatre millions cinq cent quatre vingt quatorze mille cinquante francs (34.664.594.050 F). En plus de ce problème, la pandémie de covid-19 a considérablement affecté l’exploitation au niveau de la Poste par la fermeture des frontières, la baisse drastique des transferts et des envois de courrier, la diminution de l’épargne du fait du quasi-arrêt de l’activité économique.
SITUATION FINANCIERE INSOUTENABLE, BAISSE DU CHIFFRE D’AFFAIRES, L’AVENIR DE 4 600 EMPLOYES …
Les agents de la Poste vivent dans un contexte d’incertitudes caractérisé par l’angoisse et l’appréhension née de la situation difficile de l’entreprise. «Cependant, il existe une lueur d’espoir entretenue par la volonté commune de tous les postiers d’agir ensemble pour proposer des solutions opérantes dans le but de sauver l’avenir de 4 600 travailleurs», affirme Ibrahima Sarr. Constatant cette situation difficile dontla principale cause estl’inaction des pouvoirs publics, les travailleurs de la Poste exigent de l’Etat le paiement immédiat de toutes les créances de la Poste vis-à-vis de l’Etat, notamment celles au titre des bourses sociales de sécurité familiale, le refinancement de la Poste Sn, l’attribution à la Poste de tous les marchés publics de prestations de paiement de masse entre autres. Sur le plan institutionnel et réglementaire, les syndicalistes demandent une révision des textes, une réforme des statuts de la Poste et une matérialisation des relations entre la Poste et le ministère chargé du secteur etc.
Tract