Tract, avec Brut – Sa rencontre avec Jamel Debbouze, son installation à Los Angeles, son César pour Intouchables. Voilà les trois moments qui ont changé la vie d’Omar Sy.
1. Sa rencontre avec Jamel Debbouze
Je me souviens de la fois où notre rapport il a changé en fait. C’est cette fois-là en fait où comme souvent, il y avait un match de foot organisé dans le quartier. Et bon, mon équipe était dehors puisqu’on n’était pas très fort au foot. Jamel, il ne vous le dira pas mais c’était un peu son cas même si lui, il pense qu’il jouait bien.
Et donc après on discute, on tchatche, on fait un peu les cons. Et lui, à l’époque, il est déjà un peu loin. Il passe du temps à Trappes mais il est déjà dans le truc, comme on dit : « Il va souvent à Paris. » Et à ce moment-là, il m’entend déconner et je pense qu’il découvre ce truc-là de moi qu’il n’avait pas parce qu’il me connaît, mais il me connaît comme un petit, il me connaît comme ça.
Et là, il découvre ça de moi et puis là, on se met à se marrer ensemble et puis c’est là où il me propose de le rejoindre à Radio Nova quelques jours plus tard.
2. Son arrivée à Los Angeles
Il y a tous ces moments où on se questionne quoi : qu’est-ce que je fous là ? Qu’est-ce qui m’a pris ? Ces moments où tu galères en anglais, où tu ne sais même pas dire comment tu veux une baguette. Enfin, est-ce que tu la trouves la baguette là-bas ? C’était… Le moment où tu dois t’adapter. J’aime bien moi ces moments, où c’est un peu l’aventure, où on doit s’adapter.
Il faut se renouveler. Le confort ça y est, il est plus là. Il faut se réinstaller. Je me suis construit un peu là-dedans, dans un truc un peu inconfortable. D’être à Los Angeles, ça m’a permis ça en fait, de devoir me représenter, dire mon prénom. C’était quelque chose d’important pour moi, c’était bien d’avoir à vivre ça. « Il y a tous ces moments où on se questionne quoi : qu’est-ce que je fous là ? Qu’est-ce qui m’a pris ? »
3. Son César pour Intouchables
Il y a toute une histoire derrière par rapport à ce film c’est-à-dire qu’Éric et Olivier, quand ils me le proposent, ils me le disent vraiment comme ça, ils me disent : « On va trouver un film pour que tu comprennes que t’es un acteur. » Alors au moment où on me dit, où on donne mon nom, je pense à ça. Et ils sont juste derrière moi quoi.
Et donc forcément, il y a quelque chose qui monte en moi, quelque chose d’assez dingue et puis je regarde ma femme qu’est juste à côté, je vois bien que dans ses yeux, il se passe un truc fou. Et je comprends en fait, là justement je le comprends qu’il y a une espèce de bascule qu’est en train de se faire et je comprends qu’il va y avoir un avant et un après. À ce moment-là, je sais pas quoi précisément mais je comprends bien qu’il y a quelque chose qui est en train de se faire, qu’est en train de bouger, une page qui se tourne. C’est très, très fort à ce moment-là. C’est très, très fort.
C’est très précis encore, cet instant où je les sens présents et tout ce voyage qui se fait du passé à l’avenir. Il y a un truc métaphysique fou. Mais je repense à ce truc-là et je me dis « putain, ils l’ont fait jusqu’au bout ». Le César du Meilleur acteur, ils l’ont vraiment fait. Et je les remercie encore pour ça tiens. J’en profite.