Tract – En République démocratique du Congo (RDC), les pygmées ne laissent pas passer sous silence le massacre d’une quarantaine d’entre eux, la semaine dernière, lors d’une attaque attribuée par les autorités de la province de l’Ituri aux combattants des Forces démocratiques alliés (ADF), contre le village de Abembi.
Colère, émotion et indignation… Hier, la Dynamique des groupes des peuples autochtones (DGPA), un collectif de la société civile qui défend les droits des pygmées a demandé un deuil national de trois jours sur fond de sentiment d’abandon des autorités.
Les pleurs d’un chef traditionnel des peuples autochtones devant la presse et des membres de la société civile à Kinshasa, le collectif est catégorique : il y a des massacres en Ituri qui ciblent leur villages. Patrick Saidi est le coordonnateur de la DGPA. « Pas plus tard que le 14 janvier 2021, à 9h pile, 46 autochtones pygmées, hommes, femmes, vieillards et enfants, égorgés par machettes sans pitié. Une épuration ethnique ou, pire, un génocide », a-t-il déclaré à la radio Rfi.
Pour ce défenseur des pygmées, la thèse de l’attaque ADF ne tient pas du tout. « Nous connaissons le mode opératoires des ADF. Les motivations n’ont jamais été territoriales. C’est dans une vision de l’occupation de l’espace. Ils n’utilisent pas les armes mais dans cette attaque, des armes ont été utilisées. Un flou artistique bien organisé. »
Les autorités provinciales ont dépêché une mission mixte dans le village de Abembi, une zone difficile d’accès. À ce stade, toutes les thèses sont plausibles, de l’analyse même de Adjio Gidi, ministre de l’Intérieur de la province de l’Ituri. « Est-ce que les ADF voulaient s’installer dans la localité et les pygmées auraient été des témoins gênants ? Il y a plusieurs hypothèses. »
De la quarantaine de corps des victimes, seuls 36 ont été récupérés, d’autres étaient en état de décompositions, selon le ministre.
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