[Tract] – Selon Amnesty International, une action internationale est nécessaire pour briser le cycle des effusions de sang en Iran. Malgré toutes les protestations internationales contre l’exécution de Navid Afkari, le régime iranien l’a exécuté. D’une part, pour rester au pouvoir et contrôler le peuple désespéré et indigné, il faut des exécutions. D’autre part, le régime iranien poursuit ces exécutions en raison de la politique d’apaisement des pays européens et des États-Unis.
Cependant, si ces pays avaient conditionné toute interaction avec le régime iranien à la cessation des exécutions, alors le régime iranien ne serait pas encouragé à utiliser la peine de mort et à prendre des otages à l’étranger pour son chantage afin de se maintenir au pouvoir. Malheureusement, il a été prouvé jusqu’à présent que les responsables politiques de l’UE et des États-Unis préfèrent le prix du sang aux droits de l’homme.
Alors que le troisième anniversaire des manifestations nationales de décembre 2017 et janvier 2018 se profile à l’horizon, Amnesty International a renouvelé ses appels à la communauté internationale afin qu’elle rende justice aux dizaines de manifestants, y compris des enfants, tués par les forces de sécurité iraniennes à travers le pays. Leurs familles endeuillées méritent des réponses qui leur ont été refusées.
Les condamnations abusives et lourdes prononcées dans le cadre de la répression des contestataires et des dissidents sont l’arme de prédilection du régime iranien pour parer à toute forme de protestation et de soulèvement. Le régime fait également usage de la torture vicieuse pour faire taire toute voix dissidente.
La politique consistant à « créer la peur en faisant usage de lourdes peines » a été transformée en politique officielle de répression du pouvoir judiciaire iranien pour les manifestations de 2020. L’actuel chef du pouvoir judiciaire iranien, Ebrahim Raisi, est un ancien membre des Comités de la Mort lors du massacre des prisonniers politiques, qui étaient pour la grande majorité des membres des Moudjahidines du peuple d’Iran à l’été 1988.
Les militants et organisations des droits de l’homme ont publié plusieurs rapports concernant les tortures subies par les manifestants en détention. Les prisonniers ont déclaré avoir été harcelés, battus, torturés, fouettés, avoir reçu des décharges électriques, avoir été soumis à des simulacres d’exécution, à la torture par l’eau, à l’injection forcée de divers produits chimiques, à des violences sexuelles et au refus de soins médicaux.
D’anciens détenus et d’autres témoins oculaires ont rapporté des incidents choquants de violence survenus pendant leurs détentions. La communication avec la famille ou le conseiller juridique a été bloquée pour les détenues, et d’autres ont été forcés à l’isolement pendant de longues périodes. Les émissions télévisées montraient des personnes interrogées et torturées, qui semblaient avouer de prétendus crimes contre le régime. Parmi les personnes arrêtées figuraient des enfants, des enseignants, des femmes, des jeunes, des travailleurs, des athlètes, des étudiants et des artistes. Quel que soit leur milieu de vie, le régime s’en prenait à tous ceux qui s’exprimaient.
En septembre 2020, le régime iranien a été censuré par Amnesty International pour ses violations généralisées des droits de l’homme dans le cadre d’une vague de répression après le soulèvement national de novembre 2019. La censure a dressé une longue liste démontrant le traitement cruel reçu par les détenus et leurs familles. Il a également été noté que la police, les autorités pénitentiaires et les services de renseignements avaient commis une série « choquante » de violations des droits de l’homme, dans lesquelles juges et procureurs partageaient une complicité.
Des manifestants condamnés à mort
Au cours de la dernière semaine du mois d’octobre 2019, les autorités du régime iranien ont commencé à brandir des menaces de condamnation à mort dans le cadre d’une répression contre les manifestants. Publié pour la première fois par le Quotidien Kayhan en novembre 2019, au quatrième jour des manifestations nationales, cet article utilisé comme porte-parole d’Ali Khamenei, a promis: « Exécution par corde suspendue. »
La promesse d’exécution pour avoir protesté contre le régime n’a exclu personne. Navid Afkari, un champion sportif de 27 ans, a été arrêté à Shiraz en août 2018. Dans le cadre du pacte entre les services de renseignements iraniens et la Justice iranienne, Afkari a été condamné à mort, tandis que deux de ses frères ont été condamnés à de longues peines de prison.
Le 12 septembre 2020, Afkari a été exécuté à la prison d’Adelabad de Shiraz. Un autre manifestant, Mostafa Salehi, a été exécuté en août 2020. Son crime a été de participer aux manifestations de décembre 2017 et de janvier 2018. Alors que les militants des droits de l’homme du monde entier souhaitaient que ces événements soient inhabituels, la vérité est que le régime a continué à infliger encore plus de peines de mort aux personnes arrêtées lors des manifestations qui ont eu lieu dans diverses villes iraniennes en décembre 2017, janvier 2018, août 2018 et novembre 2019.
À Téhéran, la Cour Suprême iranienne examine une affaire dans laquelle trois manifestants ont été condamnés à mort. À Ispahan, des condamnations à mort ont été prononcées contre cinq manifestants qui ont participé aux manifestations de décembre 2017 et de janvier 2018. Bon nombre de ces condamnations à mort prononcées par les tribunaux sont fondées sur des accusations vagues. Sans accès à un avocat et sans recours à la torture, ces détenus font de faux aveux contre leur gré.
Malgré les protestations et les appels au changement de la communauté internationale, l’absence de conséquences du régime iranien a encouragé ses dirigeants à faire usage de ces tactiques oppressives et d’autres pour empêcher le peuple iranien de protester et d’exiger des changements. Sans un effort concerté et cohérent de la part de la communauté internationale, le régime iranien continuera à exécuter ses citoyens pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de protestation.
*Hamid Enayat (@h_enayat) est un expert de l’Iran et un écrivain basé à Paris, où il a fréquemment écrit sur les questions iraniennes et régionales au cours des trente dernières années.