Tract – L’armée sénégalaise a indiqué mardi avoir pris trois « bases » des rebelles en Casamance et récupéré des armes lors d’une offensive lancée fin janvier après des mois d’accalmie dans ce conflit ancien, menée selon elle avec le soutien de la Guinée-Bissau voisine.
Des officiers de l’armée sénégalaise ont emmené la presse, pour une visite rare sur deux de ces cantonnements, des abris de tôle et de bois disséminés sous les grands arbres dans la forêt de Blaze et abritant des sortes de bunkers enterrés pouvant abriter quelques personnes.
Les alentours de ces « bases » étaient ponctués de surfaces calcinées, des traces des combats selon les officiers sénégalais.
Les « bases », relativement intactes, appartenaient au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), qui mène depuis 1982 une rébellion indépendantiste armée, a dit le colonel Souleymane Kandé, le chef local de l’armée sénégalaise.
Elles ont été capturées après des tirs d’artillerie, précédant l’assaut donné par les forces terrestres soutenus par des avions et des hélicoptères, a précisé sous le couvert de l’anonymat un officier disant avoir participé aux combats.
L’armée sénégalaise n’a fourni aucune indication sur les pertes de part ou d’autre, et aucune évaluation du bilan humain n’est disponible par ailleurs de source fiable et indépendante.
Les officiers sénégalais n’ont pas dit non plus combien de temps l’opération lancée le 26 janvier durerait encore. Après des années de situation de « ni guerre ni paix » dans cette région fertile et enclavée, l’opération a été déclenchée à la suite « d’exactions » commises contre les populations par les rebelles, ont dit les officiers.
Elle vise aussi selon l’armée sénégalaise à permettre aux populations déplacées par l’un des plus vieux conflits du continent de se réinstaller, et à mettre fin aux trafics qui prospèrent dans la région, comme ceux du bois ou du chanvre indien.
Les rebelles ont été chassés en particulier de leur base de Badjom, « le centre de gravité et la force du MFDC » à une vingtaine de kilomètres de Ziguinchor, principale ville de Casamance, a dit le colonel Kandé.
« Il y a eu un grand concours (des) Forces de défense et de sécurité (FDS) bissau-guinéennes, une coopération opérationnelle et militaire », a dit le colonel Kandé.
La Guinée-Bissau a longtemps été accusée de servir de base arrière aux rebelles, voire de leur procurer des armes. Un allié du président sénégalais Macky Sall, Umaro Sissoco Embalo, a accédé à la présidence de la Guinée-Bissau en 2020.
Les forces sénégalaises ont dit avoir saisi des mortiers, des lance-roquettes, des fusils et des motos, qu’ils ont montrés à la presse. Elles ont aussi dit avoir pris le contrôle de plusieurs hectares de champs de cannabis. « Ce sont des exploitations industrielles de chanvre indien qui nourrissaient l’économie criminelle des bandes armées », a dit le colonel Kandé.
Les officiers ont admis que les rebelles disposaient d’autres « bases » dans la région.
La Casamance avait connu un regain de violences début 2018 avec le massacre de 14 hommes près de Ziguinchor. L’armée avait alors interpellé une vingtaine de suspects, qui attendent toujours d’être jugés.
Les tractations de paix, rendues ardues par les divisions internes du MFDC, avaient été relancées après l’arrivée au pouvoir en 2012 du président Macky Sall. Mais elles n’ont pas abouti à un accord définitif pour mettre un terme à un conflit qui a fait des milliers de victimes civiles et militaires, ravagé l’économie et poussé de nombreux habitants à fuir.
Tract (avec AFP)