[Tract] – Les députés de Gambie ont rejeté lundi 22 mars un texte visant à abroger une loi adoptée sous l’ex-président Yahya Jammeh et réprimant par une amende la dépigmentation, une pratique répandue en Afrique de l’Ouest pour satisfaire à certaines conceptions de la beauté.
Une loi adoptée en 1996 votée sous M. Jammeh (1994-2017) interdit l’importation de produits éclaircissants et punit les importateurs d’une amende de 30.000 dalasis (400 dollars). L’amende frappant les usagers est de 5.000 dalasis (100 dollars).
Arrivé au pouvoir en 1994 par un coup d’Etat, Yahya Jammeh a dirigé pendant 22 ans un régime de féroce répression, marqué par des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires. Il a été poussé à s’exiler en Guinée-Equatoriale en janvier 2017, cédant à une intervention militaire africaine après avoir rejeté sa défaite à la présidentielle face à l’opposant Adama Barrow.
Le texte qui visait à abroger la loi est l’initiative du gouvernement de M. Barrow. Lors de sa présentation au parlement mi-2020, le député Halifa Sallah avait jugé le texte nécessaire pour que des hommes cessent d’abuser des femmes en les menaçant de les dénoncer parce qu’elles se seraient éclairci la peau. « Si la loi est maintenue et que nous l’appliquons, c’est vous (les parlementaires) qui allez nous demander de ralentir le rythme, parce que nous allons faire de nos fils et de nos filles des criminels. C’est un problème social (…), la loi n’est pas la solution », a une nouvelle fois plaidé la semaine dernière le ministre de la Justice, Dawda Jallow.
Les détracteurs de la dépigmentation invoquent à la fois des raisons morales, religieuses et de santé, en raison des dangers posés selon eux par certains produits. « Les produits chimiques utilisés dans les crèmes de blanchiment sont dangereux pour la santé« , a déclaré devant l’assemblée le député Momodou Camara.
Lundi, 10 députés ont voté pour l’abrogation de la loi et 23 pour le maintien de l’interdiction des produits éclaircissants. Le phénomène de la dépigmentation existe dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et au sein de la diaspora noire. Il est surtout pratiqué par les femmes.
Avec Le Monde