Tract – Le ministre burkinabè de la Réconciliation nationale, Zéphirin Diabré, a rencontré il y a quatre jours à Abidjan l’ancien président Blaise Compaoré.La rencontre a eu lieu en présence du président ivoirien Alassane Ouattara.Il aurait été question du retour de Blaise Compaoré qui vit en exil en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé du pouvoir en octobre 2014.C’est la première fois qu’un officiel Burkinabè le rencontre depuis son départ en exil.Selon plusieurs sources, Zéphirin Diabré serait venu solliciter la participation de l’ancien président au processus de réconciliation en cours au Burkina.
Le ministre de la réconciliation nationale a également abordé la question de la mise en accusation de Blaise Compaoré dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara, 34 ans après les faits. »Pour un certain nombre d’Ivoiriens, dans la mesure ou Blaise Compaoré a acquis la nationalité ivoirienne, la Côte d’Ivoire ne devrait pas livrer un de ses citoyens au tribunal d’un autre pays, explique Sylvain N’Guessan, docteur en théories politiques et analyste de la vie politique ivoirienne.Je pense que l’administration publique du Burkina Faso essaie de contenir l’opinion publique en faisant croire que le président Blaise Compaoré pourrait être extradé du jour au lendemain.Sinon, dans la pratique, ce genre de procédure demande du temps. »Blaise Compaoré, quoique Ivoirien, demeure un citoyen burkinabè, rappelle la Deustche Welle allemande consulté par Tract.
Et à ce titre, il ne doit pas se dérober de la justice, estime pour sa part Boniface Some, enseignant-chercheur en sociologie à l’université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.Selon lui, « la justice burkinabè s’impose à l’ensemble des citoyens du Burkina Faso.Maintenant, à la justice d’en décider.Et je pense qu’en tant que Burkinabè, en tant que citoyen, il doit normalement s’assujettir à la justice de son pays, ou du moins répondre à la justice de son pays. »Des personnalités proches du Congrès pour la démocratie et le progrès, l’ancien parti au pouvoir, ont déclaré à la DW qu’au nom de la réconciliation nationale, la justice devrait surseoir aux poursuites contre Blaise Compaoré, dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara.Pour le sociologue Boniface Some, « la réconciliation ne signifie pas qu’il faut laisser tomber tel ou tel dossier.La réconciliation, d’abord, ce sont des pistes de réflexion qui sont entamées de façon holistique.Dans cette réconciliation, on tient compte des institutions telles que la justice, c’est à dire la justice classique, ou bien d’autres formats de justice, toutes ces institutions ont leur place dans le processus de réconciliation. »La justice militaire burkinabè a lancé en 2015 un mandat d’arrêt international contre l’ancien chef d’Etat Blaise Compaoré pour son implication présumée dans l’assassinat de Thomas Sankara.Ce dernier avait été tué en 1987 lors du coup d’Etat qui avait porté Blaise Compaoré au pouvoir.Réactions à OuagadougouA Ouagadougou, cette rencontre entre Zephyrin Diabré et Blaise Compaoré est plutôt bien accueillie, avec toutefois une certaine réserve au sujet de son retour dans la perspective d’une réconciliation nationale. »Zephyrin Diabré et Blaise Compaoré sont les enfants du pays.
C’est une bonne initiative de se réconcilier quels que soient les faits, assure cet habitant.Pour un autre habitant de Ouagadougou, « pour que Blaise Compaoré vienne ici tout de suite, ça sera compliqué.
Si les critiques commencent déjà, ça veut dire que ça ne peut pas aller pour le moment. » Le président Roch Marc Christian Kaboré, au cours de la campagne électorale, avait approuvé un retour de Blaise Compaoré sans occulter les préoccupations judiciaires qui l’attendent, notamment dans le dossier Thomas Sankara.Un avis que partagent de nombreux Burkinabè. »Ce que les gens veulent savoir, c’est qu’il dise exactement ce qui s’est passé, sa part de vérité.Nous aimons Sankara mais Sankara est parti.Sankara ne peut plus revenir.C’est de voir à présent dans quel contexte une réparation peut être effective.Mais les parents de Sankara sont encore en vie », explique un habitant de la capitale burkinabè.
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