Bob Marley est un héros universel, une icône connue de tous, une star internationale entrée dans l’imaginaire collectif, dans la pop culture et les discothèques familiales du monde entier. Sa carrière est immense, son héritage artistique essentiel et sa place dans l’histoire de la musique aux côtés des plus grands : Mozart, Miles Davis, les Beatles, Michael Jackson… Robert Nesta Marley est un géant. L’unique artiste dont le nom seul dépasse le style musical auquel il appartient.
Sa mort il y a 39 ans jour pour jour, continue de nous marquer. Paradoxalement, sa disparition précoce le maintient comme un personnage vivant et jeune, comme immortel, dans nos vies qui ont soif d’absolu et d’éternité.Hommage, avec 10 incontournables de Bob :
Judge Not
Un ska terriblement entraînant à l’intro tonitruante marquée par une flute perçante. Le tout jeune Marley y chante d’une voix jeune et éraillée les méfaits du jugement. « Ne me juge pas avant de te juger toi-même » martèle-t-il d’un ton moralisateur. Sans doute une réaction aux stigmates qu’il porte dûs à sa couleur de peau trop noire pour certains, trop blanche pour les autres. Une partie des paroles se retrouveront d’ailleurs dans les chœurs de son futur hit Could You Be Loved (« The road of life is rocky and you may stumble too. So while you point your fingers someone else is judging you »)
One Cup of Coffee
La face B de Judge Not. C’est Derrick Morgan et Jimmy Cliff qui repèrent le jeune artiste et le présentent à Leslie Kong, patron du label Beverley’s Records. Dès son entrèe en studio, il enregistre Judge Not et One Cup of Coffee en solo qui seront crédités à Robert Marley sur son tout premier 45T. Le début d’une longue histoire…
Selassie Is the Chapel
Ce titre de 1968 compte parmi les plus marquants de la carrière de Bob. La chanson est d’un mysticisme rare. On y ressent la foi grandissante de Marley. Selassie incarne le pouvoir, la délivrance, le refuge… C’est lui le « Pouvoir de la Trinité », le « Lion Conquérant de la Tribu de Judah », le « Roi des Rois ». Tout est dit dans ce titre qui s’apparente plus à une prière qu’à une simple chanson. Laissez-vous emporter par les chœurs envoûtants et le rythme lancinant des tambours nyabinghi qui résonnent comme un appel auquel on ne peut résister.
Fussing and Fighting
Les Wailers sont encore unifiés quand ils enregistrent ce titre avec Lee ‘Scratch’ Perry en 1971. Le message à la fois naïf et évident incarne cette volonté de propager la paix partagée par l’ensemble des artistes reggae. On commence à percevoir le son abyssal de Perry qui caractérisera plus tard le Black Ark Studio. La qualité sonore n’est pas vraiment au rendez-vous, mais on ressent toute l’intensité que cette session devait dégager avec les mélodies cuivrées, les harmonies rythmées et les envolées lyriques du Tuff Gong. Magistral !
Slave Driver
Quand Chris Blackwell entend les paroles de Slave Driver, il a trouvé le titre qu’il allait donner à son premier album produit pour Bob Marley & The Wailers. L’opus Catch A Fire allait marquer l’histoire de la musique car il s’agissait du premier disque de reggae taillé pour le marché international avec des teintes de rock, blues et funk. Il préfigurait également une longue et fructueuse collaboration entre Marley et Blackwell, le boss du label Island. Lors de sa sortie initiale, Catch A Fire présentait une pochette articulée sous forme de zippo avant d’être réédité plus tard avec une photo de Bob fumant un gros spliff. Autant d’éléments plus ou moins anecdotiques qui font de cet album une pierre angulaire de l’histoire de la musique jamaïcaine.
No Woman No Cry
Ce tube interplanétaire figure sur l’album Natty Dread de 1975, le premier à être crédité « Bob Marley & The Wailers » à la suite du départ de Bunny Wailer et Peter Tosh. C’est le début d’une ascension fulgurante pour Bob. La chanson témoigne avec nostalgie de l’époque où Bob et Rita commençait à se fréquenter. Elle est créditée au nom de Vincent Tata Ford, un elder rasta, mentor de Bob Marley, décédé en 2008. Mais Bob lui-même a avoué qu’il en était le véritable auteur. Ford aurait été crédité pour lui assurer des revenus financiers ou pour éviter à Marley de reverser ses propres droits d’auteur.
Roots Rock Reggae
La définition même du reggae sur le dernier album de Bob réalisé en Jamaïque, Rastaman Vibration. Roots Rock Reggae fait aussi partie des quelques titres crédités à Vincent Tata Ford et même s’il n’incarne pas le militantisme légendaire de Marley, il matérialise le son inimitable des Wailers.
War
Le 4 octobre 1963, Haïlé Sélassié prononçait un discours devant l’assemblée générale des Nations Unies. Le fameux discours était repris dans la chanson War par Bob Marley sur l’album Rastaman Vibration, sorti en 1976. Un morceau chargé d’histoire de par son message de paix servi par des mots puissants et évocateurs, écrits par Lorenzo Tazaz, l’un des principaux auteurs des discours de l’Empereur éthiopien.
Punky Reggae Party
Bien qu’il n’ait jamais figuré sur aucun de ses albums studios, Punky Reggae Party reste l’un des titres les plus marquants de la discographie du Gong. Sorti en 1977 sur la Face B du single Jamming, le tune rend compte d’un phénomène dont Bob est témoin lors de son séjour en Angleterre entre fin 76 et début 78 : l’embrassement du reggae par les punks britanniques. Marley cite même dans ses paroles des noms de groupes qui incarnaient ce lien entre punk rock et reggae comme The Clash, The Damned et The Jam.
Redemption Song
La dernière chanson du dernier album de Bob Marley sorti de son vivant, Uprising. Simplement accompagnée d’une guitare, la voix de Bob transmet comme un héritage avec ces paroles imagées mais pleines de sens. Enregistré à la base avec le groupe, la version finale sera finalement acoustique. Plusieurs personnes prétendent avoir soufflé cette idée à l’oreille de Bob Marley qui aurait a priori mis du temps avant d’accepter. A l’écoute du rendu final, on ne peut que le féliciter d’avoir suivi les conseils de son entourage. L’émotion transmise dans ce morceau apparaît comme une sorte d’adieu dont on ne se lassera jamais…