[Tract] – Le Rwanda et France sont dans une perspective de bâtir « une bonne relation », a estimé lundi le président rwandais Paul Kagame, après la publication en mars d’un rapport d’historiens français concluant à des « responsabilités accablantes » de Paris dans le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994.
En visite à Paris dans le cadre du sommet sur le financement des économies sub-sahariennes, le président rwandais Paul Kagame a lâché, présent à Paris pour un sommet sur la dette africaine, dans un entretien à France 24 et RFI, suivi par AFP : « Je peux m’accommoder » des conclusions du rapport, qui a écarté la « complicité » de la France.
« Nous pouvons laisser le reste derrière nous et aller de l’avant », a-t-il ajouté, alors que la question du rôle de la France dans le génocide a empoisonné les relations entre Paris et Kigali pendant plus de 25 ans.
Les conclusions du rapport Duclert, corroborées quelques semaines plus tard par un rapport commandé par Kigali à un cabinet d’avocat américain, constituent « un grand pas en avant », a estimé M. Kagame, pour qui « la France et le Rwanda ont désormais l’opportunité, et de bonnes bases sur lesquelles créer une bonne relation ».
Interrogé sur la question des « excuses » que pourrait éventuellement faire la France, à l’instar de la Belgique peu après le génocide, M. Kagame a estimé que la décision revenait à Paris, tout en soulignant qu’il « apprécierait » le geste, rapporte Le Point avec AFP.
Pour ce qui est des suspects génocidaires présents sur le sol français, le Président rwandais a estimé que « davantage pourrait être fait » pour les poursuivre en justice. Il a notamment estimé la veuve de l’ex-président rwandais, Agathe Habyarimana, figurait « en tête de liste ». Mais, la France a toujours refusé d’extrader Mme Habyarimana qui, soupçonnée d’être impliquée dans le génocide, a toujours contesté. Pourtant, une enquête la visant est ouverte à Paris depuis 2008.
La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda, a été un sujet brûlant pendant des années et a même conduit, entre 2006 et 2009, à la rupture des relations diplomatiques entre Paris et Kigali.
Le rapport Duclert avait donné la conclusion, rapporte AFP, sur les « responsabilités lourdes et accablantes » et l' »aveuglement » du président socialiste de l’époque François Mitterrand face au génocide qui a compté, entre avril et juillet 1994, plus de 800.000 morts, essentiellement au sein de la minorité tutsi. Selon l’ONU, il a fait entre 800 000 et 1 000 000 de morts.
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