4. Le jour où le sélectionneur du Sénégal est venu le voir
Mon coach est venu me voir et m’a dit : « Edou, il y a Aliou Cissé qui t’attend à l’extérieur du vestiaire et qui veut discuter avec toi. » Moi, je me dis : « Ah oui, le sélectionneur s’est déplacé pour moi… » C’est quelque chose que je n’imaginais même pas deux mois avant. Il me dit : “Est-ce que…” Je lui réponds : “Coach, même pas besoin de parler, moi je suis là, je viens, j’attends que votre appel, j’ai envie de jouer pour mon pays.” C’est vrai que j’aurais aussi pu jouer pour la France, mais comme je l’ai toujours dit, c’est pour le Sénégal que mon cœur penche, depuis la Coupe du monde 2002, où le Sénégal a justement battu la France, qui était championne du monde, et a été jusqu’en quarts de finale. Quand j’ai vu les scènes de joie dans les rues, les gens qui étaient fous, qui dansaient, qui chantaient, ça m’a donné envie. Je me suis dit que j’avais envie de faire ça pour mon pays. Il n’y a pas vraiment eu d’hésitation, c’est le choix du cœur. La France, c’est aussi mon pays, mais le Sénégal, c’est le cœur, c’est quelque chose qu’on ne peut pas expliquer.
5. Le jour où il a signé à Chelsea
Je me suis dis : “C’est un truc de ouf, j’arrive dans un des meilleurs clubs au monde.” À part N’Golo, que j’ai croisé en National quand il était à Boulogne-sur-Mer, personne ne me connaissait, même les Français. Au final, je viens de nulle part. Et tu arrives dans un club où tu as des champions du monde, des champions d’Europe, des gars qui ont gagné des titres, qui ont l’armoire pleine. Et moi j’arrive dans ça, j’ai 27 ans, c’est compliqué de se dire qu’on va rentrer dans ce genre de vestiaire. C’est pour ça qu’il faut être directement performant sur le terrain. C’est rare d’exploser aussi tard au très haut niveau. Après, il y a quand même quelques histoires similaires à la mienne et je pense que c’est ce qui fait la beauté du football. C’est quelque chose qui est ouvert à tous, qui est possible pour beaucoup de personnes tant qu’on s’en donne les moyens. Et oui, je pense que mon histoire va dans ce sens.
6. Le jour où il a gagné la Ligue des champions
Le 29 mai 2021, on arrive au jour J, la finale de la Ligue des champions. C’est quelque chose que même certains grands joueurs n’ont jamais vécu. Et moi, pour ma première participation en Ligue des champions, j’arrive à atteindre la finale avec mon équipe. C’est quelque chose d’exceptionnel. Aujourd’hui, quand je repense encore à cette finale, c’était il y a quelques jours, je ne sais pas si je réalise totalement le fait que j’ai remporté la Ligue des champions avec Chelsea. Je me rappelle du coup de sifflet final, quand j’ai vu mes proches en pleurs sur le terrain. C’est là que je me suis rendu compte de l’ampleur de ce que je venais d’accomplir. À la vue de mon parcours, c’est quelque chose d’inespéré. Moi, j’ai toujours travaillé pour jouer ce genre de matchs, je me suis toujours donné à 400 % pour atteindre mes objectifs. Et c’est vrai que cette finale, ce trophée, je le prends comme une récompense parce que je n’ai pas triché. J’ai toujours donné le meilleur de moi-même.