SENTract / Par DW – Uhuru Kenyatta, Denis Sassou Nguesso, Ali Bongo ou encore le Premier ministre ivoirien sont cités dans cette vaste enquête sur les évasions fiscales.
Dans la plupart des pays concernés, les faits cités dans l’enquête ne sont pas susceptibles de poursuites, mais ils sont en contradiction avec le discours anti-corruption de certains dirigeants, notamment africains.
Pour les acteurs de la société civile en Afrique, ces révélations viennent confirmer les dénonciations qu’ils ont souvent faites.
Au Gabon par exemple, depuis qu’il est au pouvoir, la gouvernance d’Ali Bongo est émaillée de scandales financiers, rappelle Marc Ona, le président de Tournons la Page International. « Il se sert comme il veut dans le budget de l’Etat. Il a fait semblant d’installer des institutions comme la Commission de lutte contre l’enrichissement illicite juste pour l’image auprès des bailleurs de fonds. Mais en terme de gouvernance financière, je crois que c’est zéro », fustige le président de Tournons la Page.
Au Congo Brazzaville, la société civile décrit une situation pratiquement similaire. Le dirigeant de ce pays, Denis Sassou Nguesso, est également cité dans les Pandora Papers. Pour rappel, il y a à peine un mois, un autre rapport publié par le collectif Sassoufit, épinglait le rôle de l’élite congolaise qu’il accusait de fonctionner comme une mafia.
La société civile monte au créneau
Mais cette-fois, pour la première fois, le nom du président congolais est directement cité. Il n’a pas eu recours à des prête-noms, comme le souligne Andrea Ngombet, directeur de la Stratégie Anti-Kleptocratie au sein du Collectif Sassoufit. « Jusqu’à présent c’était toujours sous des prête-noms, soit des nièces, des neveux, des partenaires, des facilitateurs. Mais son nom à lui-même n’apparaissait jamais en direct. Or là, il s’agit bien de la société créée par Denis Sassou Nguesso lui-même aux ÎIes Vierges britanniques au lendemain de son coup d’état de 1997 au Congo. Il est crucial pour nous que ces biens et que cet argent aille d’abord au financement de la démocratisation », souligne Mr Ngombet.
En Côte d’Ivoire, l’affaire pourrait ne pas faire grand bruit
Il est vrai que le nom de l’actuel Premier ministre ivoirien Patrick Achi a été cité dans les Pandora Papers. Mais il n’en demeure pas moins, que les faits reprochés semblent assez maigres pour soulever un séisme médiatique, indique André Sylver Konan, journaliste et analyste politique ivoirien. « Tout ce qu’on apprend c’est qu’en 1998 alors que Patrick Achi n’était pas du tout connu de la sphère politique en Côte d’Ivoire, et qu’il ne pouvait sans doute pas prévoir qu’en 2021 il serait Premier ministre, il a ouvert une entreprise aux Bahamas et l’article même nous dit que cette entreprise n’avait aucun actif, de sorte qu’en 2006 il l’a cédé à un autre cabinet. Honnêtement, il n’y a pas de quoi fouetter un chat », insiste le journaliste.