Valoriser nos langues nationales, tel est le credo de l’association «Fonk Sunuy Làmmiñ». Chaque trois mois, l’association, à travers des rencontres littéraires en wolof, réunit des acteurs pour discuter ou décortiquer un livre écrit en wolof.
«Nul ne peut se développer dans la langue d’autrui», disait Cheikh Anta Diop. Une assertion qui montre que le savant était en avance sur son monde d’autant plus que le problème de la valorisation des langues nationales est devenu une demande sociale. C’est dans cette optique que le groupe «Fonk Sunuy Làmmiñ» et le Goethe Institut, en partenariat avec la Place du Souvenir Africain, ont initié des rencontres littéraires en wolof «Pencum Maam Yunus Jen», «li xalimayi wax». Ces rencontres se sont tenues, mercredi, dans ce temple de la culture au niveau de la salle Sembène Ousmane. Et pour camper le décor et rester dans le tempo, le débat, qui a duré plus de 4 tours d’horloge, s’est fait en wolof. Même l’orthographe des noms et prénoms était en wolof. La « cène littéraire » a porté sur deux ouvrages, produits par deux femmes sénégalaises aux plumes délectables. Il s’agit notamment de Maam Yunus Jen qui a écrit «Awo-Bi» et qui a été la première à traduire l’hymne national en langue wolof en 1961.
L’autre ouvrage qui a été au centre du débat est «Bataaxal bu gudde ni Ndlr : Une si longue lettre», transcrite par Mam Yunus Jeng et Arame Fall, Linguiste. Ces deux œuvres ont en commun la polygamie comme thématique. Le professeur Mamadou Diouf est largement revenu sur comment l’écrivaine a abordé le sujet. Selon lui, le Sénégal a des précurseurs qui ont chanté en wolof dans une littérature pleine d’enseignements. En guise d’exemple, il cite Serigne Moussa Ka, Serigne Hadi Touré, Serigne Mbaye Diakhaté etc. A l’en croire, le livre de «Maam Yunus» est plein d’enseignements et regroupe plusieurs genres. «Sa motivation était de montrer tout ce qu’on peut faire ou dire dans la langue d’autrui, on peut le faire ou dire à travers nos langues. Cela aura plus de teneur», explique-t-il. Poursuivant M. Diouf révèle que l’auteure a montré la place et le rôle de la femme sénégalaise, africaine en générale dans nos sociétés. A ses yeux, Maam Yunus dans «Awo-bi» montre les valeurs d’une femme exemplaire qui respecte son mari, accepte même la polygamie.
Dans l’autre ouvrage, le professeur Abdoulaye Keita a décortiqué, «Bataaxal bu gudde ni», «Une si Longue lettre». Il a fait savoir que c’est un roman qui a été traduit dans plusieurs langues et est plus qu’actuel. «Ce que nous vivons aujourd’hui, il y a longtemps que Mariama Ba l’avait vu. La corruption, la gabegie, la déception, l’éducation, les détournements, les histoires de castes, les syndicats, etc. sont des sujets d’actualité », a fait savoir l’enseignant.
Avec Besbi-Le Jour
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