SENtract- Hôte de la 2e édition de la Basketball Africa League (Bal) du 5 au 15 mars, Dakar a répondu aux attentes, selon Amadou Gallo Fall. Le président de la Bal revient, entre autres, sur l’impact de cette compétition sur la Destination Sénégal, avec Le Quotidien.
Vous venez de vivre le lancement de la saison 2 de la Basketball Africa League que la capitale sénégalaise a eu l’honneur et le privilège d’accueillir. Dakar a-t-elle répondu aux attentes ?
D’abord il faut savoir qu’avant d’en arriver à la décision de venir à Dakar pour lancer la saison 2, nous avons bien étudié la question. Nous avons d’abord décidé de mettre le siège de la Basketball Africa League ici à Dakar. On a un staff sur place. Il y a une longue relation avec le Sénégal. On a mené beaucoup d’activités ici, deux fois le Basketball Without Borders en 2010 et en 2019. Pour dire que Dakar, on connaît bien. On a aussi observé des événements comme l’Afrobasket féminin en 2019, les différentes fenêtres de la Fiba. C’est pour dire que nous avons bien observé, passé du temps à visiter Dakar Aréna. Il n’y avait donc pas de grosses surprises. On savait aussi qu’il y avait un challenge par rapport à la distance de Dakar Aréna, mais on a tout géré dans la durée. On n’allait pas attendre jusqu’à ce que Diamniadio soit une ville complète et ouverte pour dire qu’on va à Dakar. Il faut y aller et le reste suivra. Donc à l’arrivée, Dakar a répondu à nos attentes. Mais comme je le dis, on ne peut jamais être satisfait lorsqu’on est sur un chantier. On fait l’état des choses, on évalue, on tire les leçons… L’ambition, c’est de mettre un produit sur le terrain qui est excellent. Et puis, en dehors du terrain, que cela réponde à des objectifs très clairs. L’objectif, c’est d’attirer le maximum d’intérêt autour de la Basketball Africa League. Et en termes d’engagement du public, ça s’est bien passé. Les matchs étaient retransmis à travers toute l’Afrique et le monde. Ce qui veut dire, qu’au vu des personnes qui sont venues à l’Aréna, il y a eu une audience et c’est consistant par rapport à l’année dernière où on n’avait pas le luxe d’avoir un public. On était à 15% du public autorisé dans Kigali Aréna.
Et sur la qualité du jeu sur le parquet, vous êtes satisfait ?
Ah oui, c’est très encourageant ce qu’on a vu, en termes de qualité du jeu, d’organisation des équipes, globalement le coaching sur le banc. On a vu vraiment des stratèges, des gens qui utilisent leur effectif de manière très efficiente. L’essentiel et le noyau de ce produit, c’est ce qui se passe sur le terrain. On a vu des joueurs, des équipes qui ont produit du beau spectacle, jouer des matchs extrêmement compétitifs, des matchs à couteaux tirés. Pour une première partie, ça c’est nettement amélioré par rapport à l’année dernière. On voit des équipes motivées parce qu’elles ont vu ce qui s’est passé l’année dernière et maintenant, tout le monde veut en faire partie.
Quel impact le partenariat avec la Basketball Africa League peut-il avoir sur la Destination Sénégal ?
Les partenariats qu’on a pu nouer ici avec l’Aspt, Destination Sénégal et Air Sénégal, c’est un objectif essentiel. Parce que lorsqu’on dit que notre Ligue va aider à développer le tourisme entre Etats africains, c’est pousser les économies des sites d’accueil où on va organiser. Travailler avec ces autorités du tourisme, c’est quelque chose de très important. On se réjouit donc de ce partenariat. Il y a d’autres partenaires avec qui nous sommes toujours en discussions et on va conclure avant la fin de la saison, en mai prochain.
Quand on voit Visit Rwanda partout dans le monde, est-ce possible de voir demain, Destination Sénégal ?
Sur le principe, Visit Rwanda, c’est l’équivalent de Destination Sénégal dans le cadre du partenariat avec l’Aspt. On a fait un partenariat avec le Rwanda Development Bord qui est un organisme au Rwanda, chargé d’attirer des investissements dans le pays et de promouvoir le tourisme. C’est une combinaison de l’Apix et de l’Aspt. Les expériences que les visiteurs vont avoir dans ce pays, c’est ce qui va les motiver à revenir ou d’en parler à d’autres. On a organisé des visites à l’île de Gorée, le Musée des Civilisations Noires, le Monument de la Renaissance Africaine. Il y a des gens qui ont voulu aller voir Saint-Louis, les Iles du Saloum, Cap Skirring… Dans le temps, ça va venir. Ces gens-là vont revenir visiter ces sites en dehors des jours de compétition.
Au niveau des innovations, il y a eu le programme «Elevate» avec la Nba Academy. Est-ce que c’était le bon moment pour lancer ce projet ?
Effectivement ! Cela fait un lien direct entre le travail qui s’est fait au niveau de Nba Africa pendant toutes ces années. Comme je le dis souvent, nous ne sommes pas venus en 2010 en ouvrant les bureaux en Afrique du Sud pour dire qu’on va commencer avec une Ligue professionnelle. On a déjà mis les jalons et travaillé stratégiquement, méthodiquement pour développer un parcours. Il fallait un minimum d’infrastructures, des terrains de proximité pour que les jeunes puissent pratiquer le sport. Mais aussi, intervenir dans la formation de coaches. Maintenant, avec les Juniors Nba qu’on a lancés dans plusieurs pays, le talent d’élite a commencé à émerger. Avec les Academy Nba, l’intention était de détecter et de développer ces talents. C’est ce que nous avons fait avec l’Academy Nba Africa à Saly. Et tout ce talent qui a été produit, il faut lui trouver un réceptacle et pour nous, c’était la Basketball Africa League. Il y aura un petit pourcentage qui ira en Nba, c’est le but ultime. Nous voulons vraiment que des jeunes partent d’ici pour intégrer la Nba. C’est un programme qui permet à ces jeunes de continuer leur formation. Il n’y a pas meilleur créneau pour acquérir de l’expérience, surtout avec les jeunes qui ont l’opportunité de jouer parmi et contre aussi les meilleurs joueurs d’Afrique. En termes de capital expérience, c’est énorme. On en a vu certains qui se sont distingués et même le fait d’être dans une équipe, de faire les mêmes routines que les professionnels, ça va accélérer leur formation. Ce programme est là pour rester. Lors de la Conférence du Nil, il y aura six autres jeunes qui sont concernés. Il faut savoir que chaque équipe est aussi assignée d’avoir au minimum deux joueurs de moins de 22 ans. De ce point de vue, on veut y aller par mesure.
Pour parler d’argent, à combien peut-on estimer déjà l’enveloppe dégagée par la Bal pour l’étape de Dakar ?
On ne peut pas pour le moment parler de chiffres, mais je peux vous dire qu’on investit considérablement parce que nous croyons au produit Bal. Nous sommes là pour construire dans la longue durée. Les investissements nécessaires, on va continuer à les faire. A terme, nous voulons aussi amener des partenaires qui ont besoin d’agrandir leur visibilité, à développer leur business. On avait six équipes ici avec pour chaque délégation, une vingtaine de personnes. Nous avons pris en charge le voyage, l’hôtel, le transport interne pendant quasiment une vingtaine de jours. Tout le staff de la Nba, de la Fiba, des arbitres… C’était plus de 250 à 300 personnes. En plus de cela, il y a la main d’œuvre locale, les gens qui assurent la sécurité, le transport. Même dans l’événementiel, on a engagé différentes compagnies de la place. L’idée, c’est d’engager ces petites et moyennes entreprises locales partout où on se produit. On fera après l’étude de l’impact économique, comme on l’a fait pour le Rwanda l’année dernière.
A ce niveau, au-delà de subventions allouées aux équipes qualifiées, est-ce qu’il est possible d’accompagner financièrement certains clubs qui n’ont pas les moyens de s’attacher les services des meilleurs joueurs ?
Il y a la prise en charge complète de ces équipes en termes de voyage et autres et aussi la subvention qui est donnée à chaque équipe. C’est la même chose qu’on donne à tout le monde. Maintenant, c’est aux équipes d’aller chercher d’autres moyens parce que notre saison, c’est pendant trois mois. Et les joueurs qui jouent dans la Ligue doivent être payés et il y a un minimum de salaire qui est exigé. Maintenant, pour le reste, c’est au club de gérer les fonds et d’en trouver d’autres. A ce niveau, il y a beaucoup de pays qui s’impliquent et qui veulent participer. Les gens investissent au sein de leur championnat pour décrocher le ticket. Tout le monde veut gagner le championnat dans son pays. C’est ce que nous voulons avoir. Même ici au Sénégal, après l’As Douanes et le Duc, d’autres vont vouloir participer.
Ce qui devrait accélérer le professionnalisme du basket sénégalais ?
Ça va arriver. C’est inévitable. Il y a une opportunité aussi. Les infrastructures sont là, il faut créer du contenu qui va faire vivre ces infrastructures et pas seulement une fois dans l’année, avec la Bal qui a été organisée ici.
Après les satisfecit au niveau de la mobilisation à Dakar, peut-on espérer le même engouement au Caire et à Kigali ?
Absolument, mais en respectant les règles par rapport à l’acceptation du public. On n’est pas en bulle. En Egypte, on sait que les supporters sont très engagés. Ce sera pendant le Ramadan, c’est pour cela qu’on jouera nos matchs plus tard, mais on s’attend aussi à du beau spectacle.
La première édition s’est jouée à Kigali, la deuxième dans trois villes, est-ce qu’on peut s’attendre à ce que la troisième puisse se jouer dans les six villes retenues au départ avec la Caravane ?
Je ne sais pas si ça va être l’année prochaine, mais le but ultime c’est de jouer dans un maximum de pays. On est en construction. Dans une certaine mesure, la pandémie nous a quand même permis de prendre du recul. On avait l’idée de commencer dans 7 villes, ce qui était très ambitieux et on allait le faire. Mais avec la pandémie, on va y aller progressivement. On ne se donne pas de limite dans ce qu’on peut faire. On prendra une décision suffisamment à temps.
Quelles sont les innovations attendues à Kigali, cette année ?
Nous espérons pouvoir accueillir un grand public cette année, être dans un environnement plus ouvert, moins restrictif par rapport à la pandémie. Il y a aussi, tout ce qu’on pourra organiser autour de l’événement. Il y a par exemple le Sommet des jeunes qu’on a organisé au Terrou Bi avec plus de 400 participants. A Kigali, on fait un Sommet de l’Innovation, toujours dans le même sillage pour parler de l’Afrique, des opportunités, mettre en place un cadre d’échange qui va motiver plus de pays encore à bâtir ces infrastructures pour avoir une opportunité d’organiser ces grands événements. On essaie de voir comment se rapprocher de l’Union africaine. D’ailleurs, c’est le chef de l’Etat, Macky Sall, qui est le président en exercice. Il y a une opportunité d’établir une collaboration. Je profite de l’occasion pour le remercier très chaleureusement pour son niveau d’engagement. On en a besoin pour valider et encourager les initiatives. Le Président Sall a été constant dans ce domaine.