SENtract – Au lendemain de son départ du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), c’est de notoriété publique qu’elle n’était plus dans les plans de Macky Sall. Mais, après une traversée du désert de quelques mois, Aminata Touré semble retrouver la confiance totale du président de la République qui l’a même réintégrée au plus haut niveau dans son dispositif politique en lui confiant, comme ce fut le cas lors de la présidentielle de 2019n la fonction de coordinatrice du pôle parrainage de sa coalition Benno Book Yaakar (BBY)… Un poste plus que stratégique !
Le dimanche 1er novembre 2020, Aminata Touré était remplacée, contre toute attente, par un des opposants les plus critiques jusque-là du régime du président Macky Sall, Idrissa Seck en l’occurrence. Ce coup de Jarnac donné à une dame qui avait, à son arrivée au Cese au mois de mai 2019, mis cette institution au-devant de la scène, était considéré par beaucoup d’observateurs comme une liquidation politique. Toutefois, l’intéressée ne s’était pas laissée faire. Elle avait pris du recul pour sans doute mieux revenir. Sur le plan international, elle avait entrepris de participer à des conférences internationales. Au niveau national, elle ne se privait pas de donne ses avis sur les sujets qui faisaient l’actualité sans prendre des gants. Des sorties qui semblaient gêner certains souteneurs du président de la République comme Samuel Sarr qui n’avait pas hésité à monter au créneau pour l’attaquer. La réplique des proches de l’ancien Premier ministre n’avait pas tardé. Bassirou Dieng, qui était son conseiller en communication lorsqu’elle était présidente du CESE, était monté au créneau pour remettre à sa place l’ancien ministre de l’Energie du président Abdoulaye Wade. Imperturbable, Mimi avait continué son bonhomme au sein de la mouvance présidentielle. Malgré ses positions parfois dérangeantes, elle était montée en première ligne lors des manifestations meurtrières du mois de mars 2021 suite à l’arrestation de Ousmane Sonko pour parler à « son » frère Macky Sall après les sorties malheureuses des ministres de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, des Affaires étrangères, Aïssata Tall Sall, et du Président du CESE Idrissa Seck. Avec conviction et courage, elle avait « recommandé » au président de la République de s’adresser à la Jeunesse de son pays afin que celle-ci comprenne qu’il l’a comprise. « Je suggère aussi au président de la République d’opérer dans l’urgence toutes les économies budgétaires possibles pour mettre en place un programme spécial d’urgence pour la Jeunesse avec la participation effective et transparente des organisations de jeunes et la société civile en veillant à son exécution effective au niveau le plus décentralisé que sont les quartiers ». Une sortie qui avait été bien entendue par Macky Sall qui, finalement, avait décidé de s’adresser à son peuple.
Mimi, de la cadence à la décadence puis à la remontada !
Deux mois plus tard, exactement le 7 juin 2021, Macky Sall et Mimi se retrouvent encore, arrondissent les angles et mettent leurs divergences de côté. Bien qu’elle ne se soit pas présentée aux élections locales du 23 janvier dernier, Aminata Touré s’est donnée corps et âme pour soutenir ses frères et sœurs de coalition qui briguaient les suffrages de leurs compatriotes. Elle avait notamment été aperçue dans certaines communes de Kaolack et de Dakar. Au lendemain des élections, elle a été désignée coordinatrice nationale du pôle parrainage de Benno Book Yaakar par Macky Sall. Une revanche dans la mesure où beaucoup d’autres responsables politiques de la mouvance présidentielle auraient bien voulu être propulsés à cette « station » stratégique. Bien dans sa peau de « patronne » du pôle parrainage, Mimi Touré semble prendre encore des galons. Lors de la conférence de presse des leaders de la majorité présidentielle tenue le 16 mars 2022, c’est Mimi Touré qui est choisie pour porter leur parole. Une sortie payante du fait que, depuis les émeutes de mars 2021, aucune voix n’avait été aussi percutante dans la réponse aux attaques de l’adversaire — pour ne pas dire ennemi — politique numéro 1 du régime que celle de ce jour-là. Jusque-là, les partisans du président ravalaient leur langue de peur de se faire lyncher par les fédayins d’Ousmane Sonko sur la toile. Certains craignaient pour leur maison ou leur voiture qui pourrait brûler du jour au lendemain s’ils portaient la contradiction au leader de Pastef. D’autres redoutaient des agressions physiques. Tous sauf l’ancien Premier ministre, Mimi Touré, qui venait de porter un uppercut au « redoutable » Sonko. Elle ne s’en était pas arrêtée là, la coordinatrice du pôle parrainage de Benno Aminata Touré avait aussi invité les militants de Benno à « rester fermes face aux provocations » de l’opposition avant de jeter un pavé dans la mare du plus virulent opposant. Mimi Touré avait interpelé Sonko sur ce qu’il qualifie de « complot » contre lui depuis mars 2021. Il avait fallu quelques secondes seulement à Mimi Touré pour faire ce qu’aucun membre de la mouvance présidentielle n’a fait depuis les émeutes de mars 2021 qui ont fait 13 morts. Elle avait renvoyé Ousmane Sonko dans le salon de massage Sweet Beauty — où se seraient déroulés les faits supposés de viols répétés — plus précisément dans l’agenda et le carnet de rendez-vous dudit salon : « Benno ne détient pas le carnet de rendezvous du Sweet beauty »… Une uppercut qui continue de faire les choux gras des réseaux sociaux et de la presse.
Une décoration synonyme de revanche…
Quelques jours auparavant, Mimi Touré s’était prononcé sur la nomination du poste de Premier ministre pour conseiller au président de la République d’attendre l’après-élections législatives pour nommer celui ou celle qui doit occuper en poste. Un conseil qui semble avoir été décrypté 5/5 par son destinataire dans la mesure où, depuis lors, Macky n’a toujours pas encore nommé quelqu’un à ce poste. Nos sources soutiennent d’ailleurs que le président de la République ne compte pas nommer un Pm d’ici les législatives prochaines. De la décadence, Mimi Touré accélère depuis un bout de temps la cadence en sa faveur et a le vent en poupe. Sa décoration par le chef de l’Etat au grade de Commandeur de l’Ordre national du « Lion » le prouve bien quand on sait que de gros bonnets de la mouvance n’ont pas bénéficié de cet honneur de la part du Président. Pourquoi pensez-vous donc à une autre Aminata, prédécesseure justement de « Mimi » au poste de présidente du CESE ? Une autre victoire sur ses détracteurs qui poussent d’ailleurs beaucoup à penser qu’elle a le meilleur profil pour diriger la liste nationale de Benno Book Yaakar et espérer succéder à Moustapha Niasse au perchoir comme future présidente de l’Assemblée nationale…