SENtract – Nous nous sommes entretenus avec Sarah Lélé. Une jeune humoriste belge d’origine camerounaise âgée de 19 ans. Cette talentueuse humoriste qui, à côté de sa carrière dans le monde de l’humour, poursuit des études en droit et sciences politiques à l’université Saint-Louis de Bruxelles.
Quel est votre parcours pour devenir artiste humoriste ?
Je suis montée sur scène pour la première fois quand j’avais 13 ans dans mon école secondaire, pour parler justement de ce que je vivais en tant qu’élève et ça avait beaucoup plu aux autres élèves et aux professeurs parce qu’ils se reconnaissaient dans ce que je racontais, mais aussi aux gens extérieurs car ils découvraient la réalité que l’on vivait. Depuis ce jour, j’enchaîne les scènes en Belgique ce qui m’a mené jusqu’ici.
Pourquoi avez-vous voulu devenir artiste-comédienne ?
Je n’ai jamais vraiment « voulu » être artiste-comédienne hahaha. Je me suis toujours exprimée avec humour, satire, ironie,… à tel point que les gens me disaient (même à 10 ans) « tu devrais faire du théâtre ou de la comédie ». Et le jour où je suis montée sur scène pour la première fois, j’ai compris que c’était fait pour moi.
Avant des événements, comment gérez-vous le trac ?
Je n’ai jamais le trac. Je suis toujours surexcitée de monter sur scène et même si ça peut paraitre cool, c’est tout aussi destructif que le trac car je dois canaliser mon énergie pour que le public puisse me suivre et que je ne parte pas dans un délire toute seule.
Vos sketchs apparaissent sur fond de mouvement social. Quel regard portez-vous sur les mutations sociales aujourd’hui ?
Je suis une observatrice passionnée de la vie. J’ai un regard plutôt critique sur les mutations sociales, mais j’essaye de les accepter comme elles sont et ensuite de montrer la réalité dans laquelle je vis. Ça peut être une réalité partagée, connue, entendue ou pas du tout.
Dans quelle mesure la conception de votre texte a-t-elle un sens social ?
En écrivant mes textes, je ne me rends pas compte sur le moment de ce qu’ils dégagent ou de ce qu’ils dénoncent. C’est après l’avoir joué que les gens viennent m’en parler et parfois me partagent aussi leur réalité sur la thématique que j’aborde. Pour moi, il n’y a rien de plus gratifiant que de voir qu’avec mes textes j’arrive à ouvrir un dialogue avec mon public.
Quel est impact de votre comédie et votre humour sur la société ?
Ouff (rire). Je pense que mon humour n’a absolument aucun impact sur la société et c’est normal ! J’aurais sûrement fait une crise d’angoisse si du haut de mes 19 ans mes textes avaient eu un quelconque impact visible sur la société là où certain.e.s artistes/activistes ont dû se battre pendant toute leur vie… À mon échelle je suis très satisfaite de voir que mon public européen et africain se reconnaisse et se rende compte de la réalité que je décris.
Dans votre démarche, on ressent une manière de valorisation de la gente féminine…
Il y a intérêt ! (rire). Sans entrer dans les grands discours féministes, j’essaye de ne pas simplement parler de mes combats dans mes textes mais surtout de les incarner à travers ma personne. Le domaine de l’humour n’échappe pas aux discriminations et j’ai vraiment eu la chance d’avoir la bienveillance de femmes humoristes incroyables telles que Dena, Serine Ayari, Jullie Geller et Farah autour de moi pour trouver ma place dans le monde de l’humour. En plus, ma plus grande inspiration de travail, de réussite et de sagesse est et restera à jamais ma maman.
Vous semblez déterminée à exceller dans votre domaine
Soit je fais quelque chose à fond, soit je ne la fais pas. Mes parents m’ont éduquée dans cette mentalité et c’est l’une de mes plus grandes valeurs après le travail et la liberté.
Baltazar Atangana Noah,
(noahatango@yahoo.ca)